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2022 - FESTIVAL DES 33es NUITS MUSICALES DE CORPS

Pour un grand moment musical, nous accueillons ce soir deux des plus brillants musiciens actuels, le violoncelliste François Salque et l’accordéoniste Vincent Peirani. Reconnu comme l’un des violoncellistes les plus exceptionnels de sa génération, François Salque fait aujourd’hui référence. Son jeu impérial, d’une profondeur musicale extraordinaire, sa technique phénoménale et son charisme en font une personnalité musicale et artistique impressionnante. Magicien de la scène musicale, Vincent Peirani fait partie de cette génération de musiciens qui ont validé leurs études classiques au plus haut niveau mais qui ont grandi dans l’amour du jazz, des musiques du monde et même des musiques électroniques. Sa polyvalence et sa maîtrise des différents langages musicaux l’ont imposé comme l’un des musiciens, interprète, improvisateur et compositeur les plus accomplis et les plus novateurs. Tissant des passerelles insoupçonnées entre les musiques savantes et improvisées, ce duo d’exception nous offre un concert somptueux, mettant au défi l’apparente nudité des instruments par la richesse de l’invention. De la musique classique, ils ont gardé la rigueur et le panache. Du jazz et des musiques traditionnelles, ils ont nourri leur imaginaire. Des musiques actuelles, ils ont cultivé la richesse des timbres et l’envoûtement sonore. Transcendés par une imagination débordante et un art aiguisé de l’improvisation, les différents répertoires sont propulsés dans un univers ludique où se mêlent virtuosité, swing et exubérance. Une soirée jubilatoire ! L’ultime opus de Gabriel Fauré, son Quatuor à cordes, est l’œuvre d’un Fauré à l’approche de ses quatre-vingts ans. Le quatuor à cordes demeure le seul genre important de la musique de chambre qu’il n’a encore jamais pratiqué. Sur les raisons pour lesquelles Fauré attendit le crépuscule de sa vie pour composer un quatuor, il en fit lui-même la confidence à sa femme : « C’est un genre que Beethoven a particulièrement illustré, ce qui fait que tous ceux qui ne sont pas Beethoven en ont la frousse !... Alors tu peux penser si j’ai peur à mon tour. Je n’en ai parlé à personne. Attitude toute semblable à celle de Brahms un demi-siècle plus tôt ou encore à celle de César Franck n’écrivant son unique Quatuor qu’à l’extrême fin de sa vie. Moins brillant, moins immédiatement séduisant que ceux de Debussy et de Ravel, le Quatuor de Fauré atteint cependant à des sommets infiniment sublimes. Son intimité toute expressive, son harmonie si finement ciselée, sa pensée épurée jusqu’au seuil de l’abstraction et de l’évanescence impose assurément le respect. Ernest Chausson n’aura malheureusement pas eu le temps d’achever le seul et unique Quatuor à cordes qu’il aura entrepris : il meurt d’un malheureux accident de bicyclette, à l’âge de 44 ans, lors d’un séjour dans sa propriété de Limay. À partir de quelques esquisses, son ami Vincent d'Indy terminera son œuvre, tellement dans l’esprit du compositeur qu’on la jurerait composée par un seul musicien. Le Quatuor de Claude Debussy apparaît comme le joyau d’un compositeur révolutionnaire. Peu d’œuvres dans l’histoire peuvent se prévaloir d’avoir fait basculer son cours, au point qu’on est saisi devant celle-ci d’une sorte de vertige. Paul Dukas, juge toujours clairvoyant, fut le premier à reconnaître le génie de l’ouvrage qui, par sa couleur et sa sonorité deviendra un chef-d’œuvre de l’impressionnisme et du répertoire pour musique de chambre. Debussy avec ce quatuor, marque de son empreinte les fondations fulminantes de la musique de notre temps. Un magnifique moment avec quatre musiciennes aux personnalités aussi éclectiques que pétillantes.

2021 - FESTIVAL DES 32es NUITS MUSICALES DE CORPS

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2020 - FESTIVAL DES 31es NUITS MUSICALES DE CORPS

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2019 - FESTIVAL DES 30es NUITS MUSICALES DE CORPS

Cher public, cette année nous avons fêté le trentième anniversaire des Nuits Musicales de Corps.
30 ans ! Oui, cela fait trente ans que la musique, chaque été, règne sur notre  beau village. Aussi, nous exprimons toute notre reconnaissance à l’égard de tous ceux, qui de près ou de loin, ont contribué au succès de cet évènement.
Trente année de musique ! Voilà un très bel anniversaire. C’est pourquoi, à l’occasion du premier concert, et avec beaucoup d’émotion, nous avons voulu rendre hommage et applaudir le fondateur du festival, Monsieur  Gérard Cardin, ici présent, qui un jour d’été 1989, sur un coup de cœur, avec conviction et passion, a lancé l’aventure qui se perpétue depuis.


dscf3436_250_02Le jeudi 1er août, en ouverture de cette trentième édition, nous avons retrouvé avec beaucoup de plaisir le Quatuor Debussy, bien connu des habitués du festival.
En première partie du concert, les musiciens ont interprété 6 Préludes de Debussy extraits des 24 Préludes pour piano. Considérés comme un sommet de la musique, riches sur le plan expressif, les Préludes résument une écriture qui a révolutionné la langage musical du XXe siècle. La variété des structures correspond à celles des climats poétiques ; on y trouve : des paysages : Bruyères, des pas sur la neige, des clowns : Minstrels, une silhouette un peu irréelle : la fille aux cheveux de lin, l’humour parodique anglo-saxon qui se manifeste avec une verve mordante dans l'hommage à Samuel Pickwick. Quant au prélude Les tierces alternées, il part d’un prétexte purement musical et abstrait. Le jeu debussyste est tout en souplesse, caresse, presque toujours en demi-teinte, mais avec une sonorité pleine et intense, sans aucune dureté. Lorsque Schumann s’écrie : « Je voudrais faire éclater mon piano ! » Debussy recommande seulement à voix basse : « Laissez-le parler ! ».
Lorsqu’il compose son quatuor « La Jeune fille et la Mort », Schubert a 27 ans et il est très malade. Il n’a plus que quatre années à vivre. Il choisi le ton funèbre de ré mineur, celui du Requiem de Mozart, et puise son inspiration de sa souffrance, pour nous livrer une musique d’une rare profondeur. Ce Quatuor, qui à notre époque fascine le monde entier et qui appartient aux plus extraordinaires créations de son genre, suscita l’incompréhension générale. Lors d’une audition privée, le premier violon du célèbre Quatuor Schuppanziqh, admirable interprète de ses contemporains, et en particulier Haydn, Beethoven, mais aussi Schubert, fit remarquer à ce dernier : « frérot, laisse tomber ; restes-en à tes lieder ! », ce après quoi, Schubert ramassa ses partitions, sans un mot, et les relégua pour toujours dans un tiroir.


unadjustednonraw_thumb_27e_250_01Très applaudi lors de leur venue au festival 2017, nous avons accueilli à nouveau le samedi 3 août le Quatuor Ellipsos, un quatuor qui défend le saxophone au plus haut niveau international. A la fois virtuoses, colorés et envoûtants, les saxophones de différents registres (soprano, alto, ténor et baryton) se révèlent être des instruments particulièrement polyvalents au service d’un répertoire inventif et étonnamment riche.
Avec leur programme « Amérique du Nord au Sud », les Ellipsos nous ont fait entendre quelques une des plus belles pages de la musique, au travers d’adaptations lumineuses. De la musique de chambre au gospel, ces musiciens de grand talent nous ont invité dans un univers musical empreint des couleurs de l’Amérique, pour nous faire découvrir le saxophone teinté de blues. Ce sera Harlem et sa culture afro-américaine, Buenos-Aires, son tango et son folklore, La Havane et ses danses envoûtantes, Rio de Janeiro, la samba et la fête, enfin Broadway et la comédie musicales.


011_250_02La Petite Symphonie
que nous avons accueillie cette année, le dimanche 4 août à Mens, est une formation chambriste à géométrie variable, composée de musiciens spécialistes du jeu sur instruments anciens. Emmenée avec une sensibilité exceptionnelle par Daniel Isoir, la Petite Symphonie met en valeur le pianoforte, ce fabuleux instrument qui a succédé progressivement au clavecin grâce à ses possibilités expressives. Sa palette de couleurs et son timbre chaleureux lui permette de conduire un équilibre idéal entre les différents instruments.
Pour ce concert, La Petite Symphonie était en trio. Avec Séverine Isoir à la flûte, Claire Gratton au violoncelle et Daniel Isoir au pianoforte, c’est presque un siècle de musique qu’elle a parcouru avec notamment trois membres de la famille Bach. La Petite Symphonie a interprété également une des grandes sonates pour violoncelle de Beethoven et un des trios avec flûte de Haydn, merveille d’équilibre, de fantaisie et d’humour.


020_2_250Le lundi 5 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont évoqué l’enfance, sa musique et sa poésie, avec trois chefs-œuvres de la musique française pour piano à quatre mains. Chacun avec son style propre et ses couleurs particulières, Fauré, Ravel et Debussy ont su porter un regard émerveillé sur le monde de l’enfance. Dans leurs œuvres pour piano à quatre mains dédiées à l’univers enfantin, ils transportent l’auditeur dans le pays du rêve et de la poésie.
Les six pièces constituant la Suite Dolly de Gabriel Fauré furent inspirées par Hélène Bardac, fille d’une cantatrice amie du compositeur. Née en 1892, la demoiselle était surnommée « Dolly » (petite poupée) à cause de sa silhouette menue et délicate. Les numéros, pour la plupart écris pour son anniversaire ou le Nouvel An, reflètent le monde de l’enfant grandissant, de la Berceuse au Pas espagnol, une danse pleine de tempérament.
Maurice Ravel aimait beaucoup les enfants. Les jeux des petits lui étaient aussi chers que les chats et les colombes. Fréquemment convié par les Godebski, il fut également l’ami de leurs enfants, Jean et Marie, dite Mimie. Le frère et sa sœur jouaient bien du piano. Ravel leur offrit une partition pour le piano à 4 mains, Ma Mère l’Oye. Pour évoquer le monde des rêves de l’enfance, comment ne pas chercher l’inspiration dans le domaine des contes, de cet imaginaire dont Charles Perrault, la Comtesse d’Aulnoy ou encore Mme Leprince de Beaumont ont donné la matière et les couleurs.
Ce programme, consacré à l’univers des enfants, s’est terminé avec des musiques qui leur empruntent leurs jouets. Nous sommes à l’automne 1871, Georges Bizet apprend qu’il va être Papa d’un petit Jacques, qui naît quelques mois plus tard. Il compose alors Jeux d’enfants, douze pièces pour piano à quatre mains inspirées des jeux à la mode de l’époque : la toupie, colin-maillard, les petits chevaux de bois, la poupée…
C’est la première fois en France que l’on évoque l’enfance en musique.
« Musique pour enfants ! », qui convient aussi parfaitement aux adultes.


010_250Pour notre immense bonheur, nous avons accueilli, le mercredi 7 août, deux des plus grands artistes français de la même génération, le trompettiste Romain Leleu et le pianiste François Dumont. Considéré comme l’un des plus talentueux trompettiste du moment, Romain Leleu parcourt le monde en développant un jeu alliant virtuosité, musicalité et élégance, et enchante les territoires de la musique classique, savante ou populaire, du baroque au contemporain avec un instrument dont il est l’un des plus brillants représentants. François Dumont est l’un des pianistes français les plus chéris des scènes internationales. Grand technicien du piano, il impose surtout une parfaite compréhension de chaque œuvre abordée dont il extrait immanquablement la poésie. Sa musicalité généreuse et subtile en fait un partenaire de musique de chambre particulièrement apprécié.
Pour ce concert, les deux musiciens avaient construit un programme de haute voltige, tout en agilité,  pour nous offrir un florilège d’œuvres virtuoses et chatoyantes. L’originalité de leur programme, dans lequel se sont côtoyés Chopin, Puccini, Gershwin, Debussy et bien d’autres, a témoigné de la grande diversité des styles et des genres abordés. Un répertoire impressionnant dans une interprétation fraîche et moderne.


dscf3484_250C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons retrouvé, le vendredi 9 août, Nicolas Krauze et les solistes de l’Orchestre de chambre Nouvelle Europe. C’est une belle et longue amitié qui unit cet orchestre aux Nuits Musicales, une amitié toujours vivante et dynamique, qui dure depuis dix ans. Pour cette soirée où le violon était mis à l’honneur, en nous offrant un programme tout en contrastes et couleurs, Nicolas n’a cessé de nous émerveiller.
Roi de l’orchestre, instrument virtuose par excellence, le violon reste, avec le piano, l’instrument de prédilection des compositeurs de concertos. Vivaldi a fait triompher le concerto de violon avec éclat. Dans son Concerto pour 4 violons, la belle pureté des lignes mélodiques, la présence délicate des autres instruments, tout contribue à nous faire percevoir cette Venise, pour un temps cité de la virtuosité du violon, dans laquelle le « Prêtre roux » n’hésitait pas à offrir à son immense talent des œuvres purs instants de plaisir.
Mozart a 19 ans lorsqu’il écrit avec une aisance, une sûreté, une perfection merveilleuse, le plus célèbre et le plus achevé de ses concertos pour violon, le Concerto K. 219. Ici, Mozart ne s’inspire que de son émotion poétique. Les possibilités de l’instrument soliste sont exploitées au maximum, mais toujours sans virtuosité inutile. Son lyrisme et sa beauté mélodique, magnifiés par les sonorités de l’instrument, avec une participation dialoguante de l’orchestre, ne peuvent qu’éblouir l’auditeur. Et par dessus tout cela, comment définir le charme souverain de jeunesse, de frais et délicat enthousiasme amoureux qui s’exhale de chacun des trois mouvements de ce cinquième et dernier concerto de violon de Mozart ?   
Tchaïkovski est le plus romantique des compositeurs russes. Après la création triomphale de son ballet  La Belle au bois dormant  à Saint Pétersbourg, il partit aussitôt après pour la capitale toscane où il composa  Souvenir de Florence, une œuvre pleine de clarté et de fraîcheur. Dans une lettre à sa mécène, Nadedja von Meck, le compositeur écrira : « j’espère vraiment que cette musique vous plaira, je l’ai écrite avec un enthousiasme et un plaisir extrêmes, sans le moindre effort »


portable_17_juillet_2019_005_250A l’orée des années 1980, les frères Moraguès (Michel, flûtiste ; Pascal, clarinettiste et Pierre, corniste) entraînèrent le hautboïste David Walter et le bassoniste Giorgio Mandolesi dans l’aventure du quintette à vent.
La belle complicité de longue date des musiciens, ainsi que la richesse et la complexité de leurs timbres, ont façonné cet ensemble très précieux.
Chaque membre du quintette Moraguès est soliste à l’Orchestre National de France et professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris.
Au programme de ce dimanche 11 août : Hummel, Haydn…
... et d’autres surprises !
Grâce à la qualité des adaptations de David Walter, hautboïste de l’ensemble, le Quintette Moraguès a pu diversifier son répertoire et enrichir considérablement la littérature de cette formation. La transcription, couramment utilisée durant des siècles d’histoire de la musique, prend ici tout son sens. À l’image du Quatuor à cordes, le Quintette à vent se hisse au rang des formations incontournables de musique de chambre.
En début de concert, nous avons découvert une œuvre de Johann Nepomuk Hummel, compositeur autrichien, élève de Mozart, ami de Beethoven, évoluant dans l’ombre des deux plus grands génies de tous les temps, Hummel est peu connu et peu joué et c’est bien dommage ! La Partita en mi bémol majeur, d’après l’octuor à vent, dans un arrangement pour quintette à vent de David Walter, est une œuvre qui s’inscrit dans la lignée de Mozart, tout en s’adaptant au goût romantique.
Ensuite, les Moraguès nous ont  interprété le Quintette en ré majeur d’après les Quatuors à cordes op. 20 n° 2 et 4 de Haydn dits « Quatuor du Soleil », dans une adaptation lumineuse de David Walter : l’opus 20 n° 2 apparaît comme le plus romantique des « Quatuors du Soleil », en particulier par ses sonorités. L’opus 20 n° 4 est le plus joué. Son ré majeur n’est pas synonyme de gaité pure, mais témoigne au contraire, d’un rayonnement intérieur des plus subtils.


006_2_250Le mardi 13 août, pour clôturer en beauté le festival 2019, les deux musiciens que nous avons accueillis, le guitariste Emmanuel Rossfelder et le bandéoniste argentin Victor-Hugo Villena jouissent tous les deux d’une réputation mondiale depuis de nombreuses années. Deux artistes qui ont en commun d’avoir commencé l’étude de leur instrument dès l’enfance et  vu leur talent salué très rapidement. Reconnu comme l’un des plus talentueux bandéoniste du moment, habitué des grandes salles de concerts où il joue dans des formations multiples des répertoires diversifiés, Victor Villena a toujours émerveillé le public. Considéré comme l’un des plus grands guitaristes de la scène actuelle, Emmanuel Rossfelder transforme chacun de ses concerts en un moment d’émotion et de partage. Musicien débordant d’énergie, il a l’art de métamorphoser l’instrument à six cordes en véritable orchestre. Ces deux virtuoses, figures respectives de leur instrument, forment un duo à la complémentarité évidente et salué partout par une critique unanime. L’équilibre entre la profondeur et la densité de Victor Villena et la virtuosité et la fantaisie d’Emmanuel Rossfelder est parfait et fait merveille.
dscf3510_250Leur programme de concert « Passions du Sud », mettant en valeur chaque facette de leur instrument et permettant de découvrir de nouvelles sonorités, a proposé un voyage musical envoûtant. Au cours de leur récital, nous avons pu entendre des tangos, traditionnels et contemporains, quelques œuvres pour bandonéon et guitare solos et des transcriptions de grands classiques,  de Villa-Lobos, Piazzolla ou encore Manuel De Falla.


2018 - FESTIVAL DES 29es NUITS MUSICALES DE CORPS

Le 29e Festival des Nuits Musicales de Corps s’est déroulé cette année du 1er au 13 août 2018. Grâce à la municipalité de Corps et au soutien de Monsieur Fabien Mulyk, maire de Corps et Conseiller municipal, ainsi qu’à tous les bénévoles et mécènes, nous poursuivons avec enthousiasme une mission artistique qui nous révèle un paysage musical infiniment riche, aussi surprenant qu’éblouissant. Le talent des artistes, l’ouverture aux jeunes talents déjà confirmés, la dimension pédagogique, la programmation variée et originale ouverte à toutes les musiques (savantes ou populaires, baroques, classiques, romantiques ou modernes) et la convivialité font désormais l’identité de ce rendez-vous estival.

 

unadjustednonraw_thumb_1fd_250Le mercredi 1er août 2018, pour la soirée d’ouverture, le Festival a proposé un concert d’exception avec l’une des formations de musique de chambre française les plus remarquables : le Trio à cordes de Paris composé de la violoniste Hélène Collerette, l’altiste Teodore Cosman, le violoncelliste Fabrice Bihan. Le concert s’est ouvert avec le Trio à cordes D. 471 de Schubert de style très gracieux, un peu mozartien, avec une tendance à l’expression dramatique. Il s’est poursuivi avec le Trio op. 9 n° 3 de Beethoven, une œuvre de jeunesse qui marque un net enrichissement de la matière musicale par rapport aux trios antérieurs. D’ailleurs Beethoven le considérait comme la meilleure de ses œuvres à l’époque. Enfin, dans le Divertimento K.563 de Mozart, l’une de ses plus belles œuvres de chambre, le génie du compositeur se déploie dans un style savant et complexe avec une économie de moyens remarquable.

 

unadjustednonraw_thumb_200_1024Le jeudi 2 août, l’ensemble Ouranos (dieu de la voûte étoilée) composé de cinq jeunes instrumentistes à vents (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson), tous issus du Conservatoire National Supérieur de Paris, a ouvert le Festival à Corps avec un programme musical plein de poésie. Page unique entre toutes, l’Ouverture de la Flûte enchantée rappelle la foi de Mozart en un idéal qu’il partageait avant même son entrée dans une Loge viennoise en 1784. Le Tombeau de Couperin de Ravel, dédié aux amis morts au front, n’est pas seulement un hommage à la musique française du XVIIIe siècle, il révèle aussi tout ce que le passé peut contenir de moderne en une synthèse admirable. Dans la Water Music de Haendel, les mouvements lents s’imprègnent de tendresse tandis que les mouvements de danse marquent une prédilection pour la virtuosité. Carmen produit toujours chez l’auditeur un réel attachement autour de ses mélodies envoûtantes et souvent joyeuses. Enfin, le Quatuor Américain de Dvorak, écrit à Spilville, petite cité de l’Iowa où le compositeur a pu retrouver ses racines bohèmes et découvrir la musique des Noirs, est la partition de chambre la plus célèbre du compositeur.

 

Le samedi 4 août, Alexandra Soumm, violoniste dotée d’un vrai tempérament et d’une sensibilité à fleur de peau, était accompagnée par le talentueux pianiste Ismaël Margain, passionné de musique de chambre, jouant fréquemment aux côtés des plus grands artistes. Pour une soirée magique, ces deux grands artistes nous ont proposé un magnifique programme. C’est à Vienne que Beethoven écrit sa Quatrième Sonate pour violon et piano dans laquelle il laisse transparaître ses états d’âme, comme dans un journal intime. Sur les rives du lac de Thune, en Suisse, Brahms compose sa Deuxième sonate op. 100 d’un sentiment de la nature un peu mélancolique et d’une souplesse d’écriture reflétant un sens inné de la mélodie. Dans son Troisième Impromptu, d’une sensibilité toute française, l’immense talent de Gabriel Fauré s’exprime à travers la clarté mélodique et les subtilités harmoniques. Parmi toutes les sonates pour violon et piano, la Sonate de Franck, d’une prestigieuse élégance, d’une fraîcheur radieuse, d’une jeunesse et d’une ardeur communicatives, est l’une des plus connues et des plus jouées.

 

unadjustednonraw_thumb_21d_250Le lundi 6 août, le Quatuor Akhtamar, diplômé du Conservatoire Royal de Bruxelles, tire son nom d'une légende arménienne. Encadrées par le Quatuor Debussy durant plusieurs années, les quatre jeunes musiciennes se produisent sur de nombreuses scènes en Belgique, en France, en Suisse et en Arménie. Trois compositeurs étaient à leur programme : Schubert, Komitas et Mendelssohn. Le Quatuor n° 8 de Schubert a été écrit à l’âge de 17 ans. La partition tout entière baigne dans un climat de sérénité et de bonne humeur. Passionné par la musique folklorique, Komitas sillonna les routes afin de recueillir les chants, les danses populaires de son pays, l’Arménie. Les Miniatures sont tirées de ces musiques. Elles racontent la vie quotidienne, les amours et les amitiés, les fêtes, ainsi que la nature de l’Arménie. En 1847, Mendelssohn compose le dernier de ses Quatuors, peu de temps avant de mourir et quelque temps seulement après la mort de sa sœur Fanny qu’il aimait tendrement. Ce Quatuor sonne comme un véritable Requiem où le compositeur déploie toute sa palette d’émotions bouleversantes.

 

Le mercredi 8 août, l’orchestre de chambre Nouvelle Europe, dirigé par Nicolas Krauze et composé des meilleurs jeunes instrumentistes professionnels venant de différents pays européens, est désormais fidèle du Festival. Reconnu pour sa palette sonore riche et l’esprit de fraîcheur et de renouveau qu’il insuffle à la musique classique, il était accompagné d’un jeune et brillant clarinettiste, Carjez Gerretsen. À côté des œuvres de Mozart et Verdi dédiées à la clarinette, le programme comportait des œuvres pour cordes de Sibelius et Nino Rota. L’Impromptu pour cordes de Sibelius, d’une beauté envoûtante, emporte dans un mystérieux voyage musical vers le meilleur de nous-mêmes. Le Concerto pour clarinette de Mozart est l’une des œuvres majeures par sa beauté achevée et la mise en valeur inégalée de l’instrument soliste. Connu pour ses compositions de films, Nino Rota traduit à merveille dans son Concerto pour cordes la légèreté et l’insouciance que l’on retrouve dans nombre de pièces. Enfin, la Fantaisie sur des thèmes de Rigoletto de Verdi, puise dans le premier opéra véritablement romantique du compositeur des thèmes chargés d’un immense potentiel dramatique.

 

unadjustednonraw_thumb_240_250Le vendredi 10 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly, accompagnés de deux jeunes pianistes talentueux et enthousiastes, Mathilde Alvin et Aurélien Boucher, ont interprété quelques unes des plus belles pages du répertoire pianistique pour 1, 2, 4, 6 et 8 mains. Le concert s’est ouvert avec le Nocturne op. 9 pour la main gauche de Scriabine, mélancolique et périlleux. Le caractère héroïque de la Polonaise op. 53 pour 2 mains de Chopin est conçue en crescendo rythmique et dynamique. Le Jardin féérique pour 4 mains de Ravel est une pièce écrite pour des enfants, à l’esprit simple et ingénu. Le programme mettait ensuite à l’honneur la danse populaire de plusieurs pays : la Russie, avec la Danse de la fée Dragée pour deux pianos de Tchaïkovski et la Romance pour 6 mains de Rachmaninov ; la Hongrie, avec les Danses hongroises pour 4 mains de Brahms ; la France, avec la Valse-Impromptu pour 4 mains de Pierné ; l’Espagne, avec les deux Danses espagnoles pour deux pianos et la Danse du feu pour 2 mains de Manuel de Falla. Enfin la Danse macabre pour 8 mains de Saint-Saëns a clôturé ce concert dans un climat à la fois fantastique et burlesque.

 

Le dimanche 12 août, le Quatuor Anches Hantées, premier quatuor de clarinettes lauréat du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, de renommée internationale, a proposé son programme « Opéra…Ah ! » riche et coloré dans lequel se dévoile le son chaud, sensuel et expressif de la clarinette. Original, charmeur et pétillant, le Quatuor a revisité avec virtuosité les grandes œuvres du répertoire : de l’Intermezzo de Manon Lescaut de Puccini, à la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, en passant  par la Danse du sabre de Khatchaturian, La Vie brève de Manuel de Falla ou encore le célèbre Faust de Gounod… Une justesse de ton, un rythme endiablé, une impression parfois mélancolique, cet ensemble surprend et émerveille, en ravivant la magie de l’opéra.

 

unadjustednonraw_thumb_236_250Le lundi 13 août, le festival s’est clôturé magnifiquement avec le claveciniste Jean Rondeau, personnage musical incomparable. Formé au Conservatoire National Supérieur de Paris où il étudie le clavecin auprès de Blandine Verlet, et reçoit un enseignement en basse continue, orgue, piano, jazz et improvisation, écriture, direction de chœur et direction d’orchestre, il se perfectionne par la suite à Londres, Sienne et Florence. Aujourd’hui, il se produit dans les plus grandes capitales et festivals d’Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Asie. Une seule œuvre était au programme, un monument de la musique de clavier, les Variations Goldberg BWV 988 de Bach. À partir d’une Aria qui forme le socle de trente deux variations, Bach crée un immense univers se composant de deux grandes parties de quinze variations. Par son interprétation très accomplie, d’une grande générosité d’âme, Jean Rondeau a emporté l’adhésion du public qui l’a écouté dans un silence religieux et l’a longuement ovationné. En se refermant sur ce succès éblouissant, les organisateurs du Festival s’engagent avec enthousiasme dans la préparation du 30e anniversaire qui sera fêté l’été 2019.

 

 

 

2017 - FESTIVAL DES 28es NUITS MUSICALES DE CORPS

La 28e édition des Nuits Musicales de Corps nous a fait vivre des moments d'exception. Notre volonté, cette année, a été d'optimiser le festival, en lui apportant une dimension pédagogique et en l'ouvrant tout d'abord à la nouvelle génération. Le talent des artistes, la programmation variée et originale, ouverte à toutes les musiques — savantes ou populaire, baroques, classiques, romantiques ou modernes —, et la convivialité, font désormais l'identité de ce rendez-vous estival.

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Le vendredi 7 juillet
, pour l'ouverture du festival, l'église de la Mure accueillait les Petits Chanteurs de Saint-Marc, révélés par le film "Les Choristes". Ce chœur mixte, composé d'enfants âgés de 10 à 15 ans, nous proposait "les plus beaux chants à voix d'enfants", un programme de musique sacrée et profane à travers les siècles. Une soirée d'une qualité exceptionnelle qui a ravi un public venu très nombreux, touché profondément par la pureté des voix de ces jeunes choristes.


img_2105_250Le mercredi 2 août, les quatre jeunes musicienne du Quatuor Akilone ont attiré dans l’église de Corps un public nombreux et fervent. Ouvrant le concert, le Quatuor KV 158 tout empreint de cette ivresse de lumière et de poésie latines que l’on retrouve dans toute l’œuvre du jeune Mozart, durant son séjour à Milan, fut interprété avec finesse et sensibilité. D’un tout autre climat, l’unique Quatuor de Debussy, dont la matière est infiniment riche et colorée, a été servi magnifiquement par la technique éblouissante des quatre musiciennes, capables de produire les effets sonores les plus impressionnants et d’atteindre une puissance prodigieuse quasi orchestrale. Enfin, avec l’étrange et grandiose septième Quatuor de Beethoven, le Quatuor Akilone a touché profondément l’assistance par son engagement total au service de la musique. L’enthousiasme du public a été à la mesure de la générosité et de l’authenticité des musiciennes.


img_0531_250_05Le vendredi 4 août, l’église de Mens accueillait le Trio Zadig qui avait choisi un programme essentiellement romantique. E première partie ces trois artistes talentueux ont donné une interprétation pleine de vivacité et de relief au Trio op. 63 de Schumann et ont fait preuve d’une sensibilité et d’une virtuosité toutes personnelles dans cette œuvre fait de rêverie et de fantaisie,  mais aussi de mélancolie et de rythmes ardents. En deuxième partie dans le Trio de Tchaïkovski, les interprètes ont su créer un univers poétique particulier, nous révélant les richesses mystérieuses qui caractérisent cette œuvre de génie. Le jeu des trois musiciens, à la fois puissant et capable des plus subtiles nuances, leur sens rythmique, leur sonorité ample et chaleureuse ont subjugué le public très enthousiaste de cette belle soirée, où musicalité et sensibilité prédominaient.


l1003959_250_02Le dimanche 6 août, dans l’église de Corps, la Petite Symphonie a interprété sur instruments d’époque, trois quatuors pour pianoforte et cordes de la fin du XVIIIe siècle. Ouvrant le concert, le ballet Orphée de Cannabich, transcrit pour son ami Mozart pour quatuor avec pianoforte, fut un véritable enchantement. Dans cette œuvre, d’une grâce suprême, la Petite Symphonie a su mettre en valeur les couleurs caractéristiques de chaque instrument, dans un équilibre parfait de sonorités. D’un caractère déjà romantique, le Quatuor K. 478 de Mozart a permis d’apprécier une palette sonore plus éclatante et des traits d’une grande virtuosité au pianoforte. En seconde partie, le Quatuor op.16 de Beethoven a été joué avec une incroyable vitalité. La parfaite maîtrise des musiciens, autant que l’extraordinaire complicité qui les unit ont profondément touché l’assistance. Ravi par les sonorités étranges et subtiles des instruments anciens, le public a manifesté son vif intérêt par de très chaleureux applaudissements.


l1004001_250Le mardi 8 août, le Quatuor Ellipsos considéré comme l’un des plus grands quatuors de saxophones de notre époque, a donné dans l’église de Corps un concert exceptionnel. Ces talentueux musiciens proposaient « Sax et Gospel », un brillant programme alliant à la fois des œuvres d’orgue transcrites pour quatre saxophones et des gospels. Dès les premières notes de la Toccata et fugue en ré mineur de Bach, le ton était donné : d’emblée, les quatre musiciens ont transporté dans leur jeu le public avec eux. La transcription aux quatre saxophones a permis d’apprécier encore plus la fine complexité de cette composition, jouée avec une maîtrise instrumentale frôlant la perfection. Deux autres œuvres de Bach servaient aussi magnifiquement le saxophone : l’Aria de la 3e Suite et la Fugue « alla gigue » l1040894_250_06jouées avec un bonheur et un plaisir extrêmes.
Dans la superbe Toccata de Widor, impressionnante d’élégance et de dynamisme, les quatre musiciens ont enthousiasmé le public par leur fougue, leur virtuosité et la couleur unique de leur sonorité. Enfin deux pièces de Vierne, le magnifique Canon de Westminster et le Lied ont impressionné par leur originalité et la douceur musicale de leur interprétation. En alternant tout au long de leur programme des airs célèbres de Gospels, ces musiciens audacieux ont enchanté l’auditoire qui a ovationné longuement les artistes, les rappelant à plusieurs reprises.



l1004115_250Le jeudi 10 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly, accompagnés de deux brillants élèves, Mathilde Alvin et Aurélien Boucher ont investi l'église de Corps pour un récital de piano à 2, 4 et 8 mains. Ouvrant le concert par les Klavierstücke n° 1 et 2 de Schubert, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont su créer un univers poétique particulier, nous révélant toute la richesse expressive et finement nuancée des ces pages d'une grâce infinie. Interprétées par Mathilde Alvin et Aurélien Boucher, les Danses Slaves n° 2 et 10 pour piano à quatre mains de Dvorak ont permis d'apprécier l'entente parfaite et la complicité qui unit ces deux jeunes pianistes, se jouant avec aisance et élégance des nombreux contretemps et changements constants de tempi dans ces pièces où l'esprit l1004123_250populaire est partout présent. Dans l'Introduction et Allegro pour deux pianos de Maurice Ravel, au langage novateur et original, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont fait preuve d'une sensibilité et d'une virtuosité toutes personnelle. Après l'entracte, les deux pianistes avaient choisi d'interpréter la Suite Casse-Noisette de Tchaïkovski dans sa transcription pour deux pianos. Dans cette composition, jouée avec autant d'esprit que de finesse, les musiciens ont déployé une palette de timbres aussi large que subtile. Enfin le Rondo de Smetana termina avec brillo et éclat le concert. Cette œuvre originale, au potentiel sonore exceptionnel, a été jouée par les quatre pianistes "Maîtres et élèves" avec une fraîcheur et un plaisir extrêmes. Séduit par ce programme, le public mélomane de Corps a manifesté son vif enthousiasme par des applaudissements très chaleureux.


Le samedi 12 août, deux jeunes professionnels passionnés, la violoniste Hildegarde Fesneau, accompagnée par le pianiste Antoine de Grolée ont pris place à leur tour dans l'église de Corps. La première partie de leur programme rendait hommage aux compositeurs allemands. Après la sublime mélodie d'Orphée de Gluck, interprétée avec simplicité et émotion, la Sonate op. 105 de Schumann a profondément touché l'assistance. Les deux musiciens ont donné ici une superbe interprétation, sensible et passionnée à ce chefl1004246_250-d'œuvre d'une redoutable difficulté technique. Dans l'Arabesque pour piano seul, Antoine de Grolée a très bien su traduire les atmosphères poétiques de cette œuvre attachante. Enfin l'Allegretto de Richard Strauss, pour violon et piano, au caractère profondément aérien, a été joué avec une rare fraîcheur et beaucoup d'élégance. La deuxième partie, consacrée à la musique française comptait trois œuvres. L'illustre Sonate de Franck, d'une richesse excessive exceptionnelle, a permis d'apprécier pleinement la fougue et l'éblouissante virtuosité des deux artistes, leur interprétation sensible et inspirée ainsi que leur parfaite osmose. Antoine de Grolée, par la souplesse, la caresse et la profondeur de son toucher a su réenchanter la musique des Poissons d'Or de Debussy. C'est avec la Danse macabre de Saint Saëns que prit fin le concert. Dans cette œuvre pleine de vie et d'humour, les deux interprètes ont enthousiasmé le public par leur maîtrise technique et la couleur unique de leur sonorité. Fasciné par l'extraordinaire complicité qui unit ces deux artistes, le public conquis a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.


img_0551_250_01Le dimanche 13 août
, le 28e édition des Nuits Musicales de Corps s’est achevée avec le chœur  Spirito dans un programme « Ô Clarissima ! » entièrement composé de petits motets écrits pour la cour de Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles. Dans les œuvres très vivantes et contrastées de Charpentier, Spirito a déployé ici une palette d’une infinie richesse de timbres souvent inattendus. Les deux petits motets de Lalouette ont été interprétés avec une musicalité et une sensibilité impressionnantes. D’une grande beauté expressive, les deux motets de Campra ont profondément touché l’auditoire. Dans ces pages sublimes, les musiciens ont su très bien traduire la grande variété des sentiments qui les animent. Sébastien de Brossard fut l’un des musiciens les plus érudits du siècle de img_0550_250_03Louis XIV.  Dans les deux petits motets au programme, d’une grande variété d’écriture, Spirito a traduit au plus juste ce souci constant d’illustrer le mot par la musique. Enfin, les deux admirables Salve Regina de Lully, aux nuances subtiles, ont permis d’apprécier la virtuosité et la finesse d’interprétation du chœur. Profondément ému, le public a ovationné longuement les musiciens, les rappelant à plusieurs reprises. Dans ce programme, la rondeur et la beauté du son, la délicatesse des phrasés ont été mis en valeur par l'éloquence du talentueux chœur Spirito qui a refermé magnifique le 28e Festival des Nuits Musicales de Corps.




 







2016 - FESTIVAL DES 27es NUITS MUSICALES DE CORPS

La 27e édition des Nuits Musicales de Corps a été exceptionnelle à plus d’un titre. Accessible à tous, la programmation 2016, riche et variée, a offert un vaste panorama des diverses formations de la musique de chambre : solo, duo, trio, quatuor à cordes, quatuor tzigane, quintette à cordes avec trompette, et orchestre de chambre ont célébré la vocation chambriste du festival.

dscf3309_400Le mardi 2 août, l’église de Corps accueillait le prestigieux Quatuor Debussy. Temps fort du festival, ce concert rendait hommage à un immense compositeur, Beethoven. Trois superbes quatuors nous étaient proposés. En première partie, le 3e Quatuor, œuvre de jeunesse toute empreinte de calme, de douceur et de rêverie méditative, et le 11e Quatuor, dans lequel la virtuosité et la complicité des quatre musiciens ont conquis l’assistance. La seconde partie était consacrée au 9e Quatuor, d’une dimension réellement symphonique dans sa structure et sa vision de l’espace musical. Avec une technique éblouissante, une sonorité somptueuse et une interprétation passionnante, le Quatuor Debussy a traduit au plus juste le contenu de ce chef-d’œuvre absolu. Pour l’ouverture du festival, le public mélomane de Corps a manifesté par de chaleureux applaudissements son immense enthousiasme.

r079_2_250Le mercredi 3 août, devant un public très nombreux, le trompettiste Romain Leleu et l’Ensemble Convergences ont donné dans l’église de Mens un concert exceptionnel, original et attractif. Deux concertos pour trompette de Torelli et Marcello ont permis d’apprécier le son puissant et chaleureux de Romain Leleu. La Sinfonia de Vivaldi et la Sinfonia pour cordes de Mendelssohn ont été interprétées par l’Ensemble Convergences avec une rare fraicheur et beaucoup d’élégance. Quant au mélancolique Cantique de Jean Racine de Fauré et à l’extraordinaire beauté de l’Aria de Bach pour trompette et cordes, Romain Leleu a bouleversé l’assistance par sa sensibilité et la maîtrise de son instrument. C’est à Convergences que fut confié l’admirable Crisantemi de Puccini, d’une beauté toute intérieure, interprété avec beaucoup de simplicité et d’émotion. Pour terminer, la Fantaisie sur Norma de Jean-Baptiste Arban, véritable morceau de bravoure pour la trompette, fut jouée par Romain Leleu avec une virtuosité époustouflante. Le succès a été total, l’enthousiasme du public à son comble.

dscf3315.1_250_01Le jeudi 4 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont donné, dans l’église de Corps, un récital pour deux pianos particulièrement séduisant. Leur programme, judicieusement composé débutait avec l’unique Sonate pour deux pianos de Jean Chrétien Bach dans laquelle les deux interprètes se répondaient avec humour et une imagination qui ont accroché très vite le public. Très virtuoses, les trois Danses Andalouses de Manuel Infante, d’une extraordinaire densité, ont permis d’apprécier la richesse d’expression, le sens du rythme et le jeu à la fois brillant et sensible des deux musiciens. D’un tout autre climat, l’Andante et Allegro de Mendelssohn fut interprété avec émotion et une totale maîtrise technique. Avec la grandiose « Fantaisie-Tableaux » de Rachmaninov qui terminait le programme, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly, grâce à une entente parfaite, ont touché profondément l’assistance. Le jeu des deux pianistes, à la fois puissant et d’une grande sensibilité, leur sonorité ample et lumineuse ont permis de communiquer la richesse inouïe de cette musique qui a subjugué le public très chaleureux de cette soirée.

dscf3321_250Le samedi 6 août, pour la première fois depuis la création du festival en 1989, un ensemble tzigane s’est produit dans l’église de Corps. Rythmes festifs, joie et mélancolie étaient au rendez-vous de ce tr ès beau programme dans lequel la czardas était à l’honneur. Pavel Šporcl, "le violoniste au violon bleu", était accompagné par son ensemble "Gipsy Way" constitué de trois brillants musiciens tziganes (cymbalum, contrebasse et alto/guitare). Ensemble ils ont interprété des œuvres de musique classique d’inspiration tzigane (de Brahms ou encore Katchaturian) transcrites pour cet ensemble instrumental original, mais également des musiques populaires d’Europe de l’Est, allant de la Hongrie, en passant par les Balkans et la Russie. Ovationnés debout, les musiciens tziganes ont fait de cette soirée une fête. Le public emporté par l’interprétation exceptionnelle de la musique dans un univers noble, lointain, émotionnel, beau et éternel a exprimé son bonheur par des tonnerres d’applaudissements.

dscf3325_1_250_01Le lundi 8 août, l’Orchestre de Chambre Nouvelle Europe a été accueilli avec le même plaisir par les habitués du festival, venus très nombreux les écouter dans l’église de Corps. Sous la baguette de Nicolas Krauze, l’OCNE, ses solistes et la soprano Julia Knecht, jeune chanteuse passionnée, ont interprété un programme instrumental et lyrique sur le thème de la folie dans l’opéra. Du côté instrumental, la musique inspirée et spontanée du concerto pour deux violons de Vivaldi, la magnifique ballade de Schubert, le Roi des aulnes, la Fantaisie brillante de Wieniawski et la voluptueuse Méditation de Thaïs confiée au violon solo, ont été servies magnifiquement par la virtuosité éblouissante et la finesse d’interprétation des solistes de l’OCNE, capables de produire les effets sonores les plus subtils. Du côté lyrique, la voix claire et expressive de la soprano lyrique Julia Knecht a servi aussi bien la virtuosité et la passion de l’Aria de Vivaldi que les rôles mozartiens de Donna Anna, la Reine de la nuit, mais aussi ceux de Violetta, Lakmé ou encore le rôle délirant de Cunégonde du Candide de Bernstein. Charmé par la sonorité des cordes, la technique éblouissante des solistes, la virtuosité vocale de Julia Knecht, ainsi que la direction expressive de Nicolas Krauze, le public mélomane de Corps a fait une ovation à ces jeunes artistes.

sr9_250_01Le mardi 9 août, le trio SR9 né d’une amitié entre trois jeunes percussionnistes, a pris place au théâtre de La Mure. Passionné par le patrimoine musical classique, ces trois musiciens relèvent un défi pour le moins insolite : interpréter les œuvres des grands compositeurs au marimba. Pour débuter le trio SR9 a rendu hommage au génie de Bach. La Sonate en trio BWV 525 et l’Ouverture à la française BWV 831 ont permis d’apprécier la maîtrise technique des trois interprètes et leur engagement total au service de la musique. Dans la claire et lumineuse Ondine de Ravel, les marimbistes ont exprimé avec finesse et subtilité toute la poésie que contient cette page musicale. La complicité de ces trois artistes était totale, se jouant avec aisance et élégance des nombreuses difficultés techniques de cette partition. Les Romances sans paroles n° 2, 3 et 4 de l’op. 67 de Mendelssohn ont été interprétées avec une rare justesse  d’expression et une exquise sensibilité. Avec une prodigieuse dextérité, les musiciens ont su créer un univers poétique particulier, nous révélant les subtilités mystérieuses qui caractérisent ces pages. Quatre pièces de Stravinski concluaient le programme : Scherzo, Tango, Valse et Ragtime. Dans ces miniatures où l’esprit de la danse est partout présent, la sonorité chaleureuse et particulièrement homogène du Trio SR9 a transporté le public dans le monde truculent du compositeur. Fascinés par les sonorités des marimbas et charmé par l’extraordinaire complicité qui unit ces trois artistes, le public a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

l1002660_250Le jeudi 11 août, un duo d’exception, le clarinettiste Pascal Moraguès et la pianiste Claire Désert ont pris place à leur tour dans l’église de Corps. Leur magnifique programme comprenait quatre œuvres pour clarinette et piano parmi les plus belles du répertoire français qu’ils interprétèrent avec une aisance et une perfection époustouflantes. Dans l’Andante et Allegro d’Ernest Chausson au caractère à la fois passionné et agité, chantant et rapide, les deux virtuoses ont donné une interprétation pleine de vivacité et de relief. Avec la Sonate pour clarinette et piano de saint Saëns, les deux musiciens ont apporté un éclairage nouveau à cette œuvre, demeurant jusqu’au bout d’une efficacité remarquable, recréant le climat poétique idéal que réclame ce genre de répertoire. Les Trois Romances de Schumann, intimistes et d’une riche invention mélodique, ont été jouées magnifiquement, avec un plaisir extrême. Enfin la Sonate pour clarinette et piano de Poulenc, élégiaque et primesautière a terminé le concert avec éclat. Eblouissants l’un et l’autre par leur virtuosité exceptionnelle, Claire Désert et Pascal Moraguès ont touché profondément le public qui semblait retenir son souffle pour mieux savourer ces instants magiques. Corps peut s’enorgueillir d’avoir accueilli deux des plus grands interprètes de notre époque.

l1002689_250La 27e édition des Nuits Musicales de Corps s’est achevé le samedi 13 août avec le célèbre guitariste Emmanuel Rossfelder, désormais invité régulier du festival. Ce musicien d’exception offrait à un public nombreux et enthousiaste un programme d’une grande variété, mettant en valeur toute les possibilités de la guitare. Particulièrement à l’aise dans le répertoire espagnol, Emmanuel Rossfelder a déployé dans la Gran Jota de Tarrega ou encore avec Asturias d’Albeniz, une palette de timbres aussi large que subtile, jointe à une maîtrise technique sidérante. Après le lyrisme rayonnant de deux belles pages du compositeur hongrois Johann Kaspar Mertz, jouées avec beaucoup d’élégance et de délicatesse, suivaient le Caprice n° 24 et La Campanella de Paganini, interprétés avec fougue et une virtuosité époustouflantes. On a pu également admirer l’interprétation inspirée du Prélude n° 1 de Villa-Lobos, et le dernier chef-d’œuvre d’Agustin Barrios, Una Limosnita por el amor de dios, a permis d’apprécier les multiples facettes du talent de cet artiste rare chez qui la maîtrise technique est inséparable de l’émotion. Enfin c’est sur la première des Six Rossiniane de Mauro Giuliani, sorte de pot pourri de thèmes célèbres d’œuvres de Rossini, que s’est refermé superbement le 27e festival, sous les applaudissements chaleureux et enthousiastes du public.

N’oublions pas que les Nuits Musicales de Corps prirent naissance en 1989 sur l’initiative de Monsieur Gérard Cardin. Qu’elles puissent offrir un festival d’une telle qualité, avec des talents aussi exceptionnels, cela n’est pas le fait du hasard. L’accueil chaleureux réservé aux artistes, la beauté du lieu et le public de plus en plus mélomane expliquent en partie que ces musiciens parmi les plus renommés ont fait de Corps l’une de leurs étapes préférées durant l’été. Encore ne faut-il pas négliger de souligner le dévouement tout aussi exceptionnel d’une équipe de bénévoles et de leur présidente Madame Ginette Barbe sans lesquelles le festival ne pourrait exister. Souhaitons que les 28es Nuits Musicales de Corps apportent, en 2017, leur lot d’aussi belles et surprenantes émotions musicales.

Les Nuits Musicales tiennent à remercier, pour leur soutien, Monsieur Fabien Mulyk, maire de Corps et conseiller départemental, Monsieur Patrick Curtaud, vice président de la culture du Conseil départemental, la Communauté de Communes de la Grande Matheysine, le Dauphiné Libéré et son correspondant local Monsieur Eric Couhin ainsi que le Petit Corpatus qui nous permet d’annoncer les concerts.

 

2015 - FESTIVAL DES 26es NUITS MUSICALES DE CORPS

Chaque année, le festival des Nuits Musicales de Corps propose une série de concerts dont la qualité, la variété et l’originalité sont largement reconnues. L’édition 2015, riche en nouveautés, a reflété plus que jamais notre ambition culturelle : allier l’excellence artistique, le soutien à la nouvelle génération et la convivialité.

dscf3214_250_01Le vendredi 10 juillet, pour l’ouverture du festival, l’église de la Mure accueillait les Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Une soirée d’une qualité exceptionnelle, tant au niveau du professionnalisme des exécutants que de l’émotion transmise. La première partie se voulait fidèle à la vocation première de la manécanterie : un moment musical à travers des œuvres sacrées. Instant magique, créé uniquement par la pureté des voies d’enfants aux sonorités cristallines. Des frissons parcourent l’assistance. Après avoir échangé aubes et croix pour leur tenue de scène, les jeunes garçons ont montré en deuxième partie, une image plus populaire. L’occasion d’un tour du monde en chansons, teinté d’humour et de fantaisie. Les Petits Chanteurs ont ravi un public venu très nombreux, touché profondément par les voix d’anges de ces jeunes choristes.

emmanuel_rossfelder-l1020275_jenny_faugerat_250Le dimanche 2 août, le célèbre guitariste Emmanuel Rossfelder a attiré dans l’église de Saint-Etienne-en-Dévoluy un public attentif et passionné. La première partie de son programme rendait hommage aux compositeurs espagnols : Fernando Sor, Tarrega, Granados et Albeniz. Ces pages largement inspirées par le folklore, ont été interprétées avec un enthousiasme et un plaisir extrême. En seconde partie, avec tout le savoir et le grand art qui est le sien, Emmanuel Rossfelder nous a offert un bouquet de ses propres transcriptions. Après le charme gitan de La Campanella jouée avec une dextérité impressionnante, trois autres œuvres servaient aussi magnifiquement la guitare : le choral de Bach "Jésus que ma joie demeure", la Sarabande de Haendel et l’un des plus touchants des lieder de Schubert, l’Ave Maria. Les deux œuvres suivantes La Cathédrale de Barrios et la Passacaille de Weiss ont permis d’apprécier l’éblouissante virtuosité d’Emmanuel Rossfelder, son sens de l’orchestration et des contrastes impressionnants. C’est sur un morceau de bravoure de Verdi que prit fin le concert : une Fantaisie sur des thèmes de La Traviata au lyrisme rayonnant. Séduit par l’élégance, le charisme et la générosité de ce grand artiste, le public connaisseur a manifesté très chaleureusement son bonheur.

dscf3218_250Accueillies à l’église de Corps le mardi 4 août, les quatre jeunes musiciennes du Quatuor Akilone ont ébloui par leur précocité et leur maturité. Leur programme, vivant et passionné, comptait trois œuvres. En première partie, dans le plaisant Quatuor op. 33 n° 6 de Haydn, le Quatuor Akilone a manifesté une grande rigueur de construction et son jeu, à la fois coloré et chaleureux, a su mettre en valeur la subtilité et l’unité sans faille de cette œuvre divertissante. Le Divertimento K 136 de Mozart a été joué par les quatre jeunes virtuoses avec une fraicheur, un équilibre des timbres et un sens du détail extrême. Cette œuvre de jeunesse, brillante et spectaculaire fut un véritable enchantement. Les quatre musiciennes ont transporté dans leur jeu le public avec elles. En seconde partie, l’une des œuvres les plus puissante de Mendelssohn, le Quatuor op. 80 "Reqiem à Fanny" terminait le programme. Dans ces pages d’une émotion dramatique, particulière, l’éblouissante virtuosité des musiciennes, leur superbe interprétation, à la fois sensible et inspirée ont permis d’atteindre des profondeurs d’une rare intensité émotionnelle. Conquis par la fraicheur et la bonne humeur du Quatuor Akilone, le public nombreux et enthousiaste a exprimé son bonheur par de longs et chaleureux applaudissements.

l1050202_250Le jeudi 6 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont investi l’église de Corps pour un récital de piano à quatre mains. Réunis par leur passion pour la musique de chambre, ils ont interprété avec bonheur quelques unes des plus belles pages écrites pour cette formation toute particulière. Ouvrant le concert par la Fantaisie K 594 de Mozart, les deux interprètes ont su mettre en valeur les effets expressifs et la dynamique variée de cette œuvre admirable. D’un tout autre climat, la joyeuse insouciance du Divertissement à la Hongroise de Schubert a permis d’apprécier l’entente parfaite et la complicité qui unit ces deux pianistes. Après l’entracte, la Petite Suite de Debussy, joué avec autant d’esprit que de finesse, fut un véritable enchantement. L’une des œuvres les plus célèbres de Brahms, les seize Valses op. 39, terminait ce programme. Dans ces pages où l’ambiance dominante est celle de la joie de vivre, les deux musiciens ont su très bien traduire la grande variété des sentiments qui les animent. Ont a pu y voir un Brahms tour à tour exubérant, heureux, fertile, pensif, passionné, mélancolique, serein ou rêveur. Le public ravi a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

dscf3228_250Le samedi 8 août, dans l’église de Corps, Nicolas Krauze et les musiciens de la Nouvelle Europe ont été accueillis avec toujours le même plaisir par les habitués du festival. En première partie, avec la célèbre et superbe Sonate Arpeggione de Schubert, le violoncelliste Dimitri Maslennikov a impressionné par sa maturité, son originalité et la douceur musicale de son interprétation. Avec les Variations rococo pour violoncelle et orchestre de Tchaïkovski, Dimitri Maslennikov a fasciné le public par sa fougue et sa dextérité époustouflantes. Dans ces deux œuvres où se mêlent virtuosité et intériorité, le jeune violoncelliste a présenté tous les signes d’un musicien exceptionnel. En seconde partie, l’orchestre a interprété avec une grande sensibilité l’Adagio pour cordes de Barber, l’œuvre la plus populaire du compositeur. D’un tout autre climat la Sérénade pour cordes du compositeur tchèque Joseph Suk terminait le programme. Ce petit bijou, à la fois lyrique et enjoué, a été interprété magnifiquement par les musiciens de la Nouvelle Europe avec beaucoup d’élégance et de vitalité. Conquis et charmé, le public a manifesté par de longs et chaleureux applaudissements son enthousiasme.

l1050254_250Le mardi 11 août, dans l’église de Corps, le festival accueillait deux jeunes professionnels passionnés, le trompettiste Romain Leleu, et le pianiste Julien Gernay. La première partie de leur programme rendait hommage à la musique slave. L’Etude de Concert de Goedicke a permis d’apprécier l’entente parfaite des deux musiciens et leur virtuosité éblouissante. La touchante romance "Oh ! Quand je dors" de Liszt a été jouée avec une remarquable finesse, et dans La légende d’Enesco, la trompette de Romain Leleu a produit un son puissant et chaleureux. Dans le Rondo Capriccioso de Mendelssohn, Julien Gernay a très bien su traduire les atmosphères féériques de cette œuvre lumineuse, et la Pièce de Concert de Brandt a mis particulièrement en valeur la musicalité, le sens du phrasé et l’énergie virtuose du soliste.  La deuxième partie du programme mettait à l’honneur les compositeurs français. Dans la merveilleuse mélodie les chemins de l’amour de Poulenc dédiée à Yvonne printemps, Romain Leleu a utilisé avec art son timbre somptueusement cuivré. Quant au Cantabile et Sherzetto de Gaubert, il fut interprété par les deux artistes avec une grande expression mais aussi beaucoup de légèreté et de vivacité. Pour piano seul, la Vase-Caprice n° 6, extraite des "Soirées de Vienne" d’après Schubert sur un arrangement de Liszt,  a été servie magnifiquement par la virtuosité et la finesse d’interprétation de Julien Gernay, capable de produire les effets sonores les plus subtils. Pour conclure ce récital exceptionnel, Romain Leleu et Julien Gernay ont interprété le très brillant Thème et variations sur le Carnaval de Venise de Jean-Baptiste Arban. Avec cette œuvre où le compositeur pousse à l’extrême les difficultés techniques, Romain Leleu a bouleversé les auditeurs par sa précision technique, son timbre limpide et son agilité pétillante. Ovationnés debout, les deux musiciens ont fait de cette soirée une fête. Le public venu très nombreux a exprimé son bonheur par des tonnerres d’applaudissements.

dscf3240_250Le jeudi 13 août, dans l’église de Corps, le jeune et flamboyant Trio SR9 a interprété Bach au marimba. Vêtus de chemises noires et pantalon sombres, les trois musiciens arrivent dans le chœur de l’église. A pas de loup, ils s’installent. Après quelques mots d’introduction, chacun s’empare de ses quatre baguettes et les premières notes tombent. Le geste est mesuré, lent pour commencer, presque comme une caresse. Concentrés, les trois musiciens interprètent le prélude de la Suite n° 5 pour violoncelle. Composé d’œuvres variées du célèbre Cantor, le programme est construit comme une grande suite. Les œuvres interprétées sont reliées les unes aux autres par le Canon Perpétuel de l’Offrande musicale. En solo, duo ou trio, ils sont plongés dans l’œuvre de Bach qu’ils interprètent avec passion. D’un regard, ils se passent le relais. Lorsque le rythme s’accélère, devient plus vif, presque nerveux, ils jouent avec ardeur jusqu’à la note finale. Un tel concert a permis d’attirer un public différent, curieux de découvrir le marimba, cet instrument "magique", coloré et chantant, puissant et intime. Subjugué par la gestuelle très inspirée, l’ardeur et l’interprétation passionnée du jeune Trio SR9, le public mélomane de Corps a manifesté par de très chaleureux applaudissements son immense enthousiasme.

dscf3245_250Le dimanche 16 août, la 26e édition des Nuits Musicales de Corps s’est achevée avec l’ensemble instrumental La Petite Symphonie qui dans un programme à six instrumentistes servait trois œuvres de trois grands compositeurs du XVIIIe siècle. Ouvrant le concert avec un de ses envoûtants quintettes pour quatuor à cordes et pianoforte de Boccherini, La Petite Symphonie a opposé ici un souci des couleurs et une exceptionnelle sensibilité aux atmosphères. Joué dans la version proposée par Mozart lui-même, pour quatuor à cordes et pianoforte, le concerto n° 13 K 415 dégage une incroyable énergie. Dans cette œuvre, l’ensemble a été absolument charmant avec une sonorité fraiche, légère et aérienne. Le programme s’est terminé par l’une des plus remarquables symphonies de Haydn : "l’Horloge" qui a sonné de façon extraordinairement convaincante dans cette version pour flûte, quatuor à cordes et pianoforte. Jouant sur instruments anciens, mettant en valeur le pianoforte, la parfaite maîtrise des musiciens, autant que l’extraordinaire complicité qui les unit, ont profondément ému le public nombreux, dont l’immense enthousiasme a été à la mesure de la générosité et de l’authenticité des artistes. Cette soirée de pur plaisir musical où l’interprétation reflète le goût des musiciens pour l’intimité et le dialogue a clôturé en beauté ce 26e festival.

N’oublions pas que les Nuits Musicales de Corps prirent naissance en 1989 sur l’initiative de Monsieur Gérard Cardin. Qu’elles puissent offrir un festival d’une telle qualité, avec des talents aussi exceptionnels, cela n’est pas le fait du hasard. L’accueil chaleureux réservé aux artistes, la beauté du lieu et le public de plus en plus mélomane expliquent en partie que ces musiciens parmi les plus renommés ont fait de Corps l’une de leurs étapes préférées durant l’été. Encore ne faut-il pas négliger de souligner le dévouement tout aussi exceptionnel d’une équipe de bénévoles et de leur présidente Madame Ginette Barbe sans lesquelles le festival ne pourrait exister. Souhaitons que les 27es Nuits Musicales de Corps apportent, en 2016, leur lot d’aussi belles et surprenantes émotions musicales.

2014 - FESTIVAL DES 25es NUITS MUSICALES DE CORPS

La 25e édition des Nuits Musicales de Corps nous a fait vivre des moments d’exception auprès des plus grands compositeurs et de quelques uns des plus talentueux artistes de notre temps. Un voyage à travers l’Europe musicale a permis de découvrir quelques joyaux : l’opéra italien, la musique espagnole, la musique d’Europe centrale. Solo, duo trio, quatuor à cordes, quatuor à vents, quintette, orchestre de chambre et chœur de chambre ont célébré la vocation chambriste du festival.

dscf3058_250Pour l’ouverture du festival, le samedi 26 juillet dans l’église de Corps, les éléments ont visité "l’Ame Slave", ses joies et sa mélancolie. Joël Suhubiette a parfaitement construit son programme, l’ouvrant par un clin d’œil à Schubert avec Corine Durous au piano dans la mélodie hongroise en si mineur. Dans les trois cycles de Dvořák, le sublime s’est invité. Les trois chants slaves pour chœur d’hommes a capella furent un sommet d’émotion. Ensuite tout le chœur a capella a offert de superbes couleurs et des nuances extrêmes. Enfin, les quatre chansons populaires moraves avec Corine Durous au piano ont terminé la première partie avec éclat.

dscf3060_250_01En deuxième partie de programme, c’est au pupitre de femmes de briller avec deux chœurs de Tchaïkovski et Rachmaninov dans le plus pur romantisme russe, la lumière de l’aube et du crépuscule y apportant cette belle mélancolie issue de la nature. En total contraste, les quatre chansons paysannes de Stravinski a capella sont pleines de vie et d’humour. Les chants slovaques de Bartók ont permis de retrouver tous les pupitres et le piano dans un élargissement de couleurs somptueuses. Puis Corine Durous avec une superbe lecture des trois chants populaires hongrois a su faire chanter son piano en narrant des histoires pittoresques. Pour finir, Joël Suhubiette a choisi un univers étrange et très spectaculaire.

Dans la partition audacieuse des trois chœurs a capella de György Ligeti les fortissimi aigus des sopranos ont provoqué un effet physique indescriptible. Un tonnerre d’applaudissements a traduit tout le bonheur du public. Le chœur de chambre les éléments fut magnifique. La rondeur et la beauté du son, la délicatesse des phrasés ont fait beaucoup pour le succès de ce concert.

dscf3075_250Dans le cadre des 25es Nuits Musicales de Corps, l’église Notre-Dame de l’Assomption de la Mure accueillait le mardi 29 juillet le jeune Quatuor Ellipsos, considéré comme le plus grand quatuor de saxophones de sa génération. Le programme merveilleusement composé de ces talentueux musiciens comportait trois œuvres d’orgue transcrites pour quatre saxophones. Œuvre de jeunesse, caractérisée par sa grande technicité, la Toccata et fugue en mineur de Jean-Sébastien Bach a été joué avec une maitrise instrumentale frôlant quasi la perfection. Dans la superbe Toccata de Charles-Marie Widor, impressionnante d’élégance et de dynamisme, les quatre musiciens ont enthousiasmé le public par leur virtuosité et la couleur unique de leur sonorité. En seconde partie, trois des Vingt-quatre pièces en style libre de Louis Vierne terminait le programme. Ces trois poèmes ont impressionné par leur originalité et la douceur musicale de l’interprétation. Pas moins intrépides dans leurs collaborations ces quatre saxophonistes n’hésitent pas à se mettre à nu en ajoutant au son des saxophones leur propre voix. En alternant tout au long de leur programme des airs célèbres de Gospels, ces musiciens audacieux ont enchanté l’auditoire qui a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

dscf3083_250Le Concert Impromptu est une formation de musique de chambre unique en son genre. Une flûte, un hautbois, une clarinette, un cor et un basson, avec ses instruments dédiés aux forces profondes de la nature, le Concert Impromptu compose son propre théâtre de musiques et revendique le droit de créer son propre univers de sons.
Pour fêter le 25e anniversaire des Nuits Musicales de Corps, le festival, avec le soutien du Concert Impromptu proposait le dimanche 3 août une soirée lacustre. Mais les caprices de la météo en ont décidé tout autrement et le concert prévu au bord du lac, sur le ponton du bateau a eu lieu dans l’église.
La soirée lacustre s’est déroulée en trois temps :
A 17 heures, une visite guidée à travers Corps a été commentée par Monsieur Gérard Cardin.
20140803_221013_lls_250A 18 heures, un concert découverte s’est déroulé dans la salle d’expositions de la mairie. Une "visite privée" des instruments : secrets de fabrication, historique des instruments, reconnaissance des timbres, couleurs et formes a été illustrée par des solos des différents instruments.
A 21 heures, dans l’église de Corps, pour vivre la musique autrement et pour permettre une plus grande complicité entre les musiciens et le public, le Concert Impromptu a joué par cœur un programme très divertissant en se mettant en scène de manière originale. Le Concert Impromptu a séduit par sa virtuosité et son engagement artistique rares. En faisant découvrir au public la richesse musicale du quintette à vent, les musiciens du Concert Impromptu ont fait de cette soirée une fête, touchant leur auditoire par leur souffle vibrant et chaleureux.

dscf3091_250_01Le mardi 5 août, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly ont donné dans l’église de Corps un récital à deux pianos entièrement dédié à la musique russe. Dans la Fantaisie pour deux pianos de Scriabine, au langage novateur et original, les deux interprètes, grâce à une entente parfaite et à leur jeu sensible et nuancé ont su mette en valeur toute l’ampleur du registre expressif du compositeur. Dans l’œuvre grandiose des deux Suites de Rachmaninov, la technique irréprochable des deux pianistes, leur sensibilité, leur sonorité et leur maitrise des couleurs ont permis d’atteindre une rare intensité émotionnelle. Pour clore le concert, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly avaient choisi d’interpréter la Symphonie n° 1 dite "Classique" de Serge Prokofiev dans sa transcription pour deux pianos par Ryaku Terashima. Dans cette œuvre où Prokofiev rend un très bel hommage à Haydn, les deux interprètes ont manifesté une grande rigueur de construction, et le caractère entrainant, enjoué, voire gracieux de leur jeu à la fois léger et pétillant, a su mettre en valeur la clarté et l’authenticité de cette œuvre divertissante. Conquis et charmé, le public a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

dscf3097_250Le vendredi 8 août, dans l’église de Corps, le festival a retrouvé avec bonheur Nicolas Krauze et les solistes de la Nouvelle Europe dans un programme superbe et ambitieux. Ce concert débutait par le magnifique concerto pour violon en la mineur de Jean Sébastien Bach. D’une incomparable pureté, il a été joué avec finesse et fluidité par le violoniste Vin Pham qui tenait la partie de violon solo. Avec le concerto pour violoncelle en do majeur de Joseph Haydn, Adrien Bellom a profondément touché l’assistance. Le jeune violoncelliste pu donner ici une superbe interprétation, sensible et passionnée à ce chef-d’œuvre d’une redoutable difficulté technique. Dans la Fantaisie sur des airs de Carmen le violoniste George Tudorache a impressionné par sa fougue et sa virtuosité époustouflante. Cette œuvre lumineuse où l’amour et ses ravages naissent et meurent sous le ciel de Séville a permis d’apprécier pleinement l’originalité musicale de la Nouvelle Europe : compacité, virtuosité, sonorité unique, jointes à une énergie débordante et joyeuse. Après l’entracte, l’une des œuvres les plus poétiques d’Antonin Dvořák, la Sérénade pour cordes terminait le programme. Cette œuvre intimiste, d’une riche invention mélodique, a été interprétée magnifiquement par les jeunes musiciens de la Nouvelle Europe avec un plaisir extrême. L’enthousiasme énorme du public a été à la mesure de la générosité et l’authenticité des artistes.

dscf3107_250_01Délocalisé à Saint-Disdier-en-Dévoluy, le sixième concert a permis d’entendre le samedi 9 août l’Orchestre de Chambre de la Nouvelle Europe pour un grand moment musical. D’une incomparable pureté, le magnifique concerto pour violon en la mineur de Jean Sébastien Bach a été interprété par la jeune violoniste Vera Lopatina avec une sensibilité et une parfaite maitrise technique. Avec le concerto pour violoncelle en do majeur de Joseph Haydn, Adrien Bellom a profondément touché l’assistance. Le jeune violoncelliste pu donner ici une superbe interprétation sensible et passionnée à ce chef-d’œuvre d’une redoutable difficulté technique. Dans la Fantaisie sur des airs de Carmen le violoniste George Tudorache a impressionné par sa fougue et sa virtuosité époustouflante. Cette œuvre lumineuse a permis d’apprécier l’originalité musicale de la Nouvelle Europe : compacité, virtuosité, sonorité unique jointes à une énergie débordante et joyeuse. En seconde partie, Nicolas Krauze et son jeune ensemble ont apporté un souffle nouveau à l’interprétation de la célèbre Petite Musique de Nuit de Mozart. Pour finir, la Nouvelle Europe nous a fait découvrir la touchante et lumineuse Simple Symphony de Benjamin Britten dont la fraicheur est un modèle d’habileté. Charmé, le public a manifesté très chaleureusement son enthousiasme. 

emmanuel_rossfelder-l1020264_jenny_faugerat_250Le dimanche 10 août, le guitariste, Emmanuel Rossfelder a attiré dans l’église de Corps un public nombreux et enthousiaste. La première partie de son programme, judicieusement composé, rendait hommage aux compositeurs espagnols qui ont tous contribué, grâce à leur talent, à rendre la musique espagnole si belle, si riche, si profonde. Ces pages ont été interprétées par Emmanuel Rossfelder avec un vrai raffinement, un équilibre des timbres et un sens du détail extrêmes. En seconde partie, Emmanuel Rossfelder nous invitait au voyage. Après le lyrisme rayonnant de deux belles pages du guitariste virtuose hongrois Johan Kaspar Mertz, suivait le Prélude n° 1 du compositeur brésilien Villa Lobos interprété avec beaucoup d’élégance et de délicatesse. Dans ses pièces largement inspirées par le folklore sud-américain, l’artiste paraguayen Barrios Mangoré déploie une grande force suggestive. Son dernier chef-d’œuvre, Una Limosnita por el Amor de Dios a permis d’apprécier la virtuosité éblouissante et la sonorité très personnelle à la fois puissante et raffinée d’Emmanuel Rossfelder. C’est sur un morceau de bravoure du compositeur italien Mauro Giuliani que prit fin le concert : la première des Six Rossiniane dont le style virtuose et élaboré est fortement influencé par Rossini. Séduit par le charisme et la générosité d’Emmanuel Rossfelder, le public très nombreux a exprimé son bonheur par de longs et chaleureux applaudissements.

l1020299_250Délocalisé à la Salle-en-Beaumont, le huitième concert a permis d’entendre, le mardi 12 août, le Trio Stentato. Trois artistes, Marie-Pierre Jury soprano, Jean-Christophe violon et Jordan Gregoris violoncelle, tous trois originaires de Lyon, proposaient leur programme "Saveurs d’Italie" qui rendait hommage à l’opéra italien. Rossini, Bellini, Puccini et Verdi, chez qui la figure féminine resplendit de tempérament, ont su exprimer les sentiments et les angoisses de la société italienne de l’époque,  Ce concert débutait par un remarquable motet de Vivaldi que Marie-Pierre Jury a interprété avec une grande sensibilité et une belle émotion. Avec la Follia de Corelli, Jean-Christophe Morel et Jordan Gregoris ont touché profondément l’assistance par la douceur musicale de leur interprétation. Puis le Trio Stentato nous a fait découvrir quelques joyaux de l’opéra italien. Ces œuvres superbes furent interprétées par Marie-Pierre Jury avec une parfaite maitrise technique, beaucoup de fraicheur et également des moments d’une grande gravité. D’une richesse exceptionnelle, ces pages ont permis également d’apprécier pleinement le duo violon-violoncelle. Charmé par l’extraordinaire complicité qui unit ces trois artistes, le public conquis a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

l1020342_250La 25e édition des Nuits Musicales de Corps s’est achevée le jeudi 14 août avec le Quatuor Debussy. Allégresse, raffinement mais aussi douce rêverie étaient au cœur de leur admirable et brillant programme qui rassemblait quelques unes des pages les plus connues et les plus jouées du répertoire. En première partie, fraîcheur et spontanéité sont les qualités que se partageaient le Quatuor op. 1 n° 1 de Haydn et la célèbre Petite musique de Nuit de Mozart. Original et splendide, le premier révèle la bonne humeur du jeune Haydn, tandis que l’une des pages qui ont fait la gloire du maître de Salzbourg n’est que beauté en soi, sérénité. Grâce à leur interprétation passionnante, le Quatuor Debussy a su mettre en valeur la clarté et la simplicité de ces œuvres divertissantes où se mêlaient une certaine forme d’insouciance avec également des moments de grande profondeur. En seconde partie, l’une des plus belles créations de Dvořák, le célèbre Quatuor Américain terminait le programme. Cette œuvre toute emplie de fraîcheur et de tendresse a été servie magnifiquement par la virtuosité éblouissante et la finesse d’interprétation des quatre musiciens capables de produire les effets sonores les plus subtils. L'œuvre a profondément émue le public qui a exprimé son enthousiasme par de très chaleureux applaudissements. Dans ce programme de pure musique de chambre, couleurs et contrastes ont été mis en valeur par l'éloquence du talentueux Quatuor Debussy qui a refermé superbement cette 25e édition.

 

2013 - FESTIVAL DES 24es NUITS MUSICALES DE CORPS

Depuis 2009, le festival des Nuits Musicales de Corps n’a cessé d’évoluer et il s’impose aujourd’hui comme l’une des manifestations majeures de musique de chambre dans la Région Rhône-Alpes Sud-Isère. L’édition 2013, riche en nouveautés, nous a fait vivre des moments d’exception. Deux fils rouges la parcouraient : les petits ensembles et les instruments à vent, qui rassemblaient quelques uns des plus prestigieux solistes de notre temps, la plupart étant de jeunes musiciens français issus des plus grands orchestres. La programmation des 24es Nuits Musicales a reflété ainsi plus que jamais notre ambition culturelle : allier l’excellence artistique et le renouvellement des thématiques à la conquête de nouveaux publics.

dscf2916_250_01Le vendredi 26 juillet, dans l’église de Corps, le festival s’ouvrait avec le Concert Impromptu. Deux œuvres rendaient hommage à la musique française dans laquelle excellent ces musiciens. Ouvrant le concert par les Variations sur un thème Les Folies d’Espagne de Marin Marais, le Concert Impromptu a déployé ici une palette d’une richesse de timbres souvent inattendus. La  Petite Symphonie de Charles Gounod qui fait chanter chaque instrument a permis d’apprécier la pureté et la beauté de la ligne mélodique, ainsi que la sobriété du discours. Entre les deux, la sonate en si mineur pour flûte de Bach a été jouée avec finesse et fluidité. Après l’entracte, le quintette à vent en mi bémol majeur du compositeur tchèque Anton Reicha, a été interprété par les cinq musiciens avec une  fraîcheur, un équilibre des timbres et un sens du détail extrêmes. Pour l’ouverture de ce festival, le public mélomane de Corps a manifesté par de très chaleureux applaudissements son immense enthousiasme.

r057_2_250_01Le mardi 6 août, deux musiciennes à l’immense talent, Magali Mosnier, flûtiste, accompagnée par la pianiste Claire-Marie Le Guay, ont donné dans l’église de Corps un concert exceptionnel. Leur programme, judicieusement composé, comportait quatre magnifiques sonates pour flûte et piano. En première partie, la plaisante sonate en mi bémol de J. S. Bach, au charme expressif, était suivie de la sonate en la mineur de Schubert, interprétées par les deux virtuoses avec une qualité musicale et une élégance rare qui s’exprimaient avec grâce. En seconde partie, après la sonate de Poulenc, élégiaque et primesautière, les deux interprètes ont touché profondément l’assistance avec la grandiose sonate de Franck, remarquable pour l’équilibre des rôles et le dialogue entre les deux instruments. Chacune des deux musiciennes put donner ici une superbe interprétation, sensible et inspirée, à ce chef-d’œuvre passionné, fantasque ou poétique.

r062Le jeudi 8 août, la pianiste Claire-Marie Le Guay a attiré dans l’église de Corps un public nombreux et fervent. Son programme merveilleusement composé, en jeu de miroir, réunissait quelques unes des plus belles pages du répertoire pianistique. Dès les premières notes de la Partita en si bémol de J. S. Bach, le ton était donné : dans cette suite de danses, à la construction très achevée, chaque phrase était sculptée avec une remarquable finesse. Dans les deux sonates de Haydn au programme, Claire-Marie Le Guay a manifesté une grande rigueur de construction et son jeu d’un vrai raffinement a su mettre en valeur la clarté et l’authenticité de ces œuvres divertissantes avec également des moments d’une grande profondeur. Dans l’œuvre grandiose des Deux Légendes de Liszt, l’éblouissante virtuosité de Claire-Marie le Guay, ce son qui n’appartient qu’à elle, un sens de l’orchestration inouï et des contrastes impressionnants a permis d’atteindre des profondeurs d’une rare intensité émotionnelle. Le prélude opus 3 n° 2 et l’étude opus 39 n° 5 de Rachmaninov, terminaient ce programme. Dans ces deux œuvres où se mêlent virtuosité et intériorité, Claire-Marie Le Guay a présenté tous les signes d’une artiste impressionnante. Fasciné par cette belle artiste à l’élégance rare, le public a manifesté par de longs et chaleureux applaudissements son enthousiasme.

r065Accueillis cette année en résidence par les Nuits Musicales de Corps, et très attendus par les habitués du festival, Nicolas Krauze et l’Orchestre de Chambre Nouvelle Europe proposaient le samedi 10 août un voyage musical à travers les cultures. Deux œuvres du compositeur hongrois Béla Bartók, se partageaient la première partie du concert : le Divertimento pour cordes à l’écriture virtuose, traduite par une musique évoquant la force et le folklore tzigane et les Danses Populaires Roumaines, petite suite très réussie, dont chaque danse est un véritable modèle de perfection artistique. Avec le Grave pour alto et cordes du compositeur tchèque Antonin Benda, Othar Melkichvili a impressionné par son originalité et la douceur musicale de son interprétation. En seconde partie, l’une des œuvres les plus romantiques de Tchaïkovski, Souvenir de Florence, terminait le programme. Cette œuvre pleine de clarté et de fraîcheur a été interprétée magnifiquement par les musiciens de la Nouvelle Europe avec un enthousiasme et un plaisir extrêmes.

dscf_250_01Dans le cadre des 24es Nuits Musicales de Corps, l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption de la Mure accueillait le dimanche 11 août Nicolas Krauze et l’Orchestre de Chambre Nouvelle Europe.  Temps fort du festival, cet orchestre proposait une confrontation très originale entre l’un des chefs-d’œuvre du concerto italien du XVIIIe siècle, les Quatre Saisons de Vivaldi, et en miroir, les Quatre Saisons de Piazzolla, avec les rythmes obsessionnels typiques de ce maître du tango. Pastorales et descriptives (gazouillis d’oiseaux, grondement de tonnerre..), les Quatre Saisons de Vivaldi recèlent des richesses immenses que la vision moderne et virtuose des interprètes ont su mettre en lumière. Ces morceaux de bravoure, exigeant du soliste une virtuosité sans faille, ont permis d’apprécier la rencontre du violon incandescent de Karen Jouffreau avec la jeunesse et la passion des musiciens de la Nouvelle Europe. D’un tout autre climat, la guirlande des six Danses Populaires Roumaines de Bartók, basées sur des thèmes transylvaniens fut interprétée avec une fougue et une virtuosité époustouflantes qui transportèrent le public. Après l’entracte, les Quatre Saisons de Piazzolla nous ont invité au voyage, à la mélancolie et au rêve, dans les rythmes lancinants du tango des rues de Buenos-Aires. Grâce à leur énergie rythmique et à leur sens des contrastes entre virtuosité et lyrisme nostalgique, les musiciens de la Nouvelle Europe ont sublimé la passion magnétique envoûtante du tango, que Nicolas Krauze a su si bien transmettre aux auditeurs.

r079Une trompette, des cordes, le sixième concert accueillait, le lundi 12 août, Romain Leleu et l’Ensemble Convergences. Leur très beau programme, original et attractif, mettait à l’honneur dans chacune des deux parties trois compositeurs. Le concerto pour trompette de Neruda a permis d’apprécier la virtuosité éblouissante de Romain Leleu, tirant de sa trompette les accents les plus chatoyants. Les Airs anciens et Danses de la troisième suite pour cordes de Respighi ont été joués par l’Ensemble Convergences dans un véritable esprit de musique de chambre, où chaque musicien est indépendant mais en parfaite harmonie avec les autres pupitres. Une œuvre d’Arban, la Fantaisie sur un thème de Norma où abondent mélodies pures et délicates, terminait la première partie. En seconde partie, après les Danses Populaire Roumaines de Bartók, petite suite très réussie, conçue en crescendo rythmique et dynamique, suivaient deux belles pages de Tchaïkovski. La Valse au caractère particulièrement aérien fut interprétée par Convergences avec une rare fraîcheur et beaucoup d’élégance. Quant au mélancolique Andante Cantabile pour trompette et cordes, Romain Leleu a bouleversé l’assistance par sa sensibilité, sa sonorité et sa maîtrise des couleurs. Deux tangos de Piazzolla terminaient ce brillant programme : Oblivion et le célébrissime Libertango dont la rythmique très originale, savamment élaborée, explique le caractère non dansable du tango chez Piazzolla.

r083Délocalisé à La Salle-en-Beaumont, le septième concert a permis d’entendre, le mardi 13 août, deux jeunes artistes, la pianiste Laure Grundmann et le saxophoniste Julien Brechet. Ce jeune duo lyonnais avait choisi un programme original et varié, tout en virtuosité, douceur et émotion. Ce concert débutait par la remarquable sonate en si mineur pour flûte et piano de Bach, jouée ici au saxophone soprano. Brillante et néanmoins profonde, elle a été interprétée avec une technique merveilleusement imaginative. D’un tout autre climat, l’Adagio et Allegro pour cor de Schumann sonnait admirablement au saxophone et au piano. Cette œuvre superbe fut interprétée par les deux jeunes artistes avec une grande fraîcheur et une parfaite maîtrise technique. Le Conte opus 20 pour piano de Nicolaï Medtner a permis d’apprécier l’ampleur du registre expressif de Laure Grundmann, et pour terminer la première partie, la Rhapsodie pour saxophone et piano de Debussy fut un véritable enchantement. Grâce à leur interprétation, les deux musiciens ont transporté dans leur jeu le public avec eux. Après l’entracte, avec Prélude, Choral et Fugue de César Franck, Laure Grundmann a touché profondément l’assistance. Dans cette œuvre monumentale, la jeune pianiste a su mettre en valeur toute la richesse du discours musical. Après la sensuelle Habanera de Maurice Ravel, imprégnée de nostalgie, l’une des œuvres les plus célèbres de Poulenc, la sonate pour clarinette et piano terminait le programme. Joué au saxophone soprano, ce chef-d’œuvre, écrit quelques mois avant la mort du compositeur, a permis d’apprécier le jeu clair et simple de chacun des musiciens, où se mêlait une certaine forme d’insouciance à une grande gravité. Conquis et charmé par Laure Grundmann et Julien Brechet, le public a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.

dscf2955_250_02La 24e édition du festival des Nuits Musicales de Corps s’est achevée le 16 août avec l’Ensemble Carpe Diem qui proposait « Présages », un brillant programme composé d’extraits de monuments de l’art lyrique. Le Songe d’Hérode, l’un des moments les plus intenses de l’Enfance du Christ de Berlioz, a été interprété par le baryton Olivier Heyte avec une musicalité impressionnante, et sa voix chaude et grave a profondément ému le public. Tristan et Yseult de Wagner, a été présenté en version instrumentale, comme l’avait réalisé le compositeur lui-même pour la deuxième partie de son opéra. Les musiciens de l’Ensemble Carpe Diem ont su créer un univers musical à la fois lyrique et nostalgique, exaltant et tourmenté. Avec la Damnation de Faust de Berlioz, imposante de richesse musicale et de force dramatique, Olivier Heyte et l’Ensemble Carpe Diem ont merveilleusement traduit la figure étrange de Méphistophélès. Olivier Heyte a donner à son personnage l’allure satanique, la parole mordante, l’ironie aigüe, ce qui a permis d’apprécier l’ampleur du registre de ce baryton basse. Le festival s’est refermé avec un chef-d’œuvre de l’opéra, Boris Godounov. Tiré du drame de Pouchkine, l’œuvre de Moussorgski est d’une beauté fascinante et d’une puissance diabolique. Chanter ce rôle est le sommet d’une carrière. Olivier Heyte fut bouleversant tant par sa précision technique que par l’engagement de tout son être. La richesse et la chaleur de son timbre, la profondeur de ses graves alliée à une remarquable intelligence et l’immense talent des musiciens de l’Ensemble Carpe Diem ont servi magnifiquement ces chefs-d’œuvre de l’opéra et ont refermé superbement le 24e festival sous les applaudissements chaleureux et enthousiastes du public.

JL Michel Rosset : Art Musique Sacré. 

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Intitulée « Art Musique Sacré », l’exposition des peintures de JL Michel Rosset s’est déroulée à la mairie de Corps du 1er au 15 août 2013. À l’occasion du vernissage, le mercredi 7 août, JL Michel Rosset a présenté lui-même ses œuvres en présence des organisatrices du festival des Nuits musicales de Corps et d’un public attentif parmi lequel se trouvaient Magali Mosnier et Claire-Marie Leguay, les deux interprètes du concert du 6 août.

Originaire de Mens, JL Michel Rosset expose régulièrement depuis 1973 dans de nombreux Salons et galeries en France (le plus souvent à Paris) et en Europe (Luxembourg, Allemagne, Espagne). Formé à l’École nationale supérieure des Beaux Arts de Paris de 1970 à 1975, il y approfondit la morphologie. Dans les années 1975-1976, il étudie l’orgue à la Schola Cantorum et la musicologie à l’Institut de musique sacrée. Par la suite, au fil de ses rencontres, il explore l’espace, la lumière et le son. Ne cessant d’élargir ses connaissances, il déclare : « Actuellement, mon travail s’oriente sur l’art de l’écriture musicale. J’étudie tous les compositeurs classiques. J’ai énormément d’intérêt pour l’histoire de l’art et le pythagorisme qui est une école philosophique de l’Antiquité. »

Réalisées entre 1999 et 2012, les peintures à l’huile sur toile présentées dans l’exposition témoignent du fort attrait de JL Michel Rosset pour la musique, l’histoire de l’art et la théologie. Ainsi, dans ses tableaux, les références à la musique vont-elles du chant grégorien (Tantum ergo) à Chopin (Valse op. 69 n° 2 en si mineur, Prélude  n° 4 en mi mineur, Mazurka op. 68 en fa mineur), en passant par la musique baroque (Motet du Grand Dauphin de Charpentier), Bach (Prélude n° 1 en do majeur), Beethoven (Sonates pour piano op. 110 et op. 111) et Schubert (Ständchen, d’après Le Chant du cygne), comme on peut le saisir à travers les titres des tableaux et surtout les citations musicales inscrites subtilement au sein même des peintures. S’y ajoutent la représentation d’instrumentistes réels (Anne-Sophie Mutter, Kristian Zimerman) ou imaginaires (Le Panthéon de la musique, Macrocosmos) et les portraits de compositeurs (Beethoven, Chopin).

Le goût de l’histoire de l’art se reflète, lui aussi, dans les tableaux de JL Michel Rosset, que ce soit par l’évocation de la sculpture (la tombe de Chopin par Auguste Clésinger), de l'architecture (la place Vendôme par Jules Hardouin-Mansart, plus précisément le n° 12 où est mort Chopin), ou de la peinture (le double portrait de George Sand et Chopin par Delacroix).

Enfin, l’intérêt du peintre pour le sacré se manifeste tout aussi fortement à travers la représentation d’architectures religieuses (le chœur de Notre-Dame de Paris, la nef de l’église Saint-Thomas à Leipzig, la chapelle royale du château de Versailles), les citations de textes sacrés (Luc XXIII/46, Mathieu XVII, Ave Maria, Tantum ergo), le choix de thèmes bibliques (Transfiguration), mais aussi, de manière plus subtile, par l’évocation peinte de la Passion du Christ associée à la mort de Chopin dans Quatrième Prélude.

En réalité, dans l’œuvre de JL Michel Rosset, les diverses références ou citations musicales, artistiques et religieuses ne sont pas séparées. Jouant les unes avec les autres, elles composent un univers symbolique très personnel de formes dansantes et de couleurs légères exprimant la vision du monde propre à l’artiste, une vision à la fois cosmique et spirituelle où l’art, la musique et le sacré sont en étroite correspondance et en parfaite harmonie. « J’exprime mes sentiments au travers de mes toiles. C’est ma façon de faire partager mon plaisir, ma spontanéité, c’est ma personnalité », confie JL Michel Rosset. 

Que les Nuits musicales de Corps puissent offrir un festival d’une telle qualité, avec des talents aussi exceptionnels, cela n’est pas le fait du hasard. L’accueil chaleureux réservé aux artistes, la beauté du lieu et le public de plus en plus mélomane expliquent en partie que ces musiciens parmi les plus renommés ont fait de Corps l’une de leurs étapes préférées durant l’été. Encore ne faut-il pas négliger de souligner le dévouement tout aussi exceptionnel d’une équipe de bénévoles et de leur présidente Ginette Barbe sans lesquelles le festival ne pourrait exister. Souhaitons que les 25es Nuits musicales de Corps apportent, en 2014, leur lot d’aussi belles et surprenantes émotions musicales.

2012 - FESTIVAL DES 23es NUITS MUSICALES DE CORPS

Pour la 23e édition des Nuits musicales de Corps, huit concerts ont été donnés dans trois lieux différents : cinq dans l’église de Corps et les trois autres dans des églises de la Communauté des Communes : à La Mure, à la Salle-en-Beaumont et au Valbonnais. Précédé de trois concerts gratuits du chœur d’enfants Amazing Grace les 15, 16, 17 juillet dans les principaux lieux de concerts (à l’exception du Valbonnais), le festival proprement dit s’est déroulé cette année du mardi 24 juillet au jeudi 16 août 2012. Le public, attiré par quelques uns des plus grands instrumentistes ou ensemble de notre époque et par la qualité exceptionnelle des œuvres au programme, fut particulièrement nombreux et enthousiaste tout au long des concerts. Rappelons-en les principaux moments.

Le mardi 24 juillet s’ouvrait le festival par un récital de Lise Berthaud altiste et Jean-Frédéric Neuburger pianiste, deux jeunes talents confirmés, qui avaient choisi un très beau programme de musique romantique. En première partie, les Märchenbilder de Schumann (« Images de conte de fées »), l’une des plus heureuses contributions au répertoire de l’alto, étaient suivis de la célèbre Sonate Arpeggione de Schubert – jouée le plus souvent avec violoncelle et piano, mais qui sonnait admirablement à l’alto et au piano –, et en seconde partie, l’illustre Sonate de Franck pour violon et piano a trouvé dans son transfert à l’alto une grandeur accrue par la sonorité plus puissante de l’instrument. L’équilibre des rôles et le dialogue des deux instruments a trouvé ici sa pleine expression et a subjugué l’assistance.

Une semaine plus tard, le mercredi 1er août 2012, deux jeunes musiciens à l’immense talent, Romain Leleu trompettiste et Ghislain Leroy organiste, ont donné à La Mure un récital dans lequel l’orgue fut particulièrement à l’honneur. Trois des œuvres au programme étaient en effet confiées à l’orgue seul : le Concerto en ré mineur de J.-S. Bach d’après Vivaldi, l’Impromptu de la 3e Suite des Pièces de fantaisie de Louis Vierne, et Marche, extrait des Trois Pièces opus 7 d’Augustin Barié. Pour chacune de ces œuvres, Ghislain Leroy a su tirer de l’instrument récemment restauré le maximum de ses possibilités. Pour les autres œuvres du programme, la trompette et l’orgue s’allièrent de la manière la plus heureuse, notamment dans les deux magnifiques aria extraites des cantates BWV 170 et BWV 208 de Bach (commentées par Michèle Barbe lors de la conférence d’avant-concert ce même jour à 17 heures au musée Matheysin), l’air varié de L’Harmonieux forgeron de Haendel, Thème et Variations de Ponchielli, véritable morceau de bravoure pour la trompette qui fut joué par Romain Leleu avec une virtuosité époustouflante.

Bien adaptée à l’intimité d’un récital de guitare, l’église de La Salle-en-Beaumont accueillait le samedi 4 août le célèbre guitariste Emmanuel Rossfelder. Trois compositeurs espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XXe se partageaient la première partie : Tarrega, Turina et Albeniz. Après l’entracte, deux œuvres de musique baroque, la Passacaille du luthiste Sylvius Leopold Weiss et la célèbre Sarabande de Haendel, étaient suivies de deux pièces du début du XXe siècle du compositeur paraguayien Augustin Barrios Mangore, et c’est sur un morceau de bravoure du compositeur romantique italien Mauro Giuliani que prit fin le concert : la première des six Rossiniane, sorte de pot pourri de thèmes célèbres d’œuvres de Rossini. Conquis par la dextérité et l’expressivité du jeu d’Emmanuel Rossfelder, charmé par sa personnalité charismatique, le public nombreux a manifesté très chaleureusement son enthousiasme.


Jacqueline et HuguesLe mardi 7 août, pour la première fois depuis la création du festival en 1989, un récital pour deux pianos s’est tenu dans l’église de Corps. Les deux pianistes, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly, tous deux originaires de Grenoble, avaient choisi trois œuvres parmi les plus belles du répertoire pour cette formation : la sonate en ré majeur de Mozart, interprétée avec la sensibilité et le raffinement propres à l’œuvre du compositeur, les huit Variations sur un thème de Haydn de Brahms, où les deux musiciens ont su mettre en valeur toute la richesse du discours musical, et après l’entracte, la Suite de Casse-Noisette de Tchaïkovski jouée avec autant d’esprit que de finesse (œuvre commentée par Michèle Barbe lors de la conférence d’avant-concert ce même jour à 17 heures à la Mairie de Corps). Rappelés de nombreuses fois par un public enthousiaste, les pianistes ont offert en supplément deux œuvres magistralement interprétées : la redoutable Tarentelle de la Suite n° 2 de Rachmaninov et une Valse de Brahms.


OCNEFidèles des Nuits Musicales de Corps depuis quatre années déjà, l’orchestre de chambre de la Nouvelle Europe a été accueilli avec le même plaisir par les habitués du festival venus très nombreux les écouter dans l’église de Corps le jeudi 9 août. Composé de onze musiciens, l’orchestre a joué en première partie, le double concerto de Vivaldi qui faisait dialoguer le violoncelliste russe, Dimitri Maslennikov, et l’altiste géorgien, Othar Melikichvili, alors que dans le concerto de Bach en mi majeur, le violoniste Vinh Pham tenait la partie de violon solo. Écrites toutes deux pour violoncelle et cordes, les deux œuvres suivantes, l’Élégie de Fauré et le Grand tango de Piazzola, ont été interprétées, la première, par Livia Melikichvili, avec une grande sensibilité, et la seconde, de nouveau par Dimitri Maslennikov, avec une fougue et une virtuosité époustouflantes. Après l’entracte, la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski, œuvre d’une richesse expressive exceptionnelle, a permis d’apprécier pleinement l’originalité musicale de la formation de chambre : compacité, maîtrise technique, sonorité unique, jointes à une énergie débordante et joyeuse impulsée par la gestuelle très inspirée de leur chef, Nicolas Krauze.


Emmanuelle Bertrand - Pascal AmoyelDeux jours plus tard, le samedi 11 août, deux artistes exceptionnels, Emmanuelle Bertrand, violoncelliste, et Pascal Amoyel, pianiste ont pris place à leur tour dans l’église de Corps. Leur programme, composé judicieusement, comprenait, dans chacune des deux parties, une œuvre majeure du répertoire pour violoncelle et piano – la sonate n° 1 de Saint-Saëns en première partie, la sonate de Grieg en seconde partie –, précédée l’une et l’autre d’œuvres plus brèves quoique aussi intenses dans leur expression – Élégie n° 1 et Lugubre Gondole de Liszt en début de première partie, et Petite romance de Max Reger en début de seconde partie. Éblouissants l’un et l’autre par leur maîtrise technique, les deux interprètes ont touché profondément l’assistance par leur engagement total au service de la musique. Intériorité, intensité, élévation spirituelle, osmose entre les deux partenaires, tels ont été les traits les plus saillants de leur jeu. L’enthousiasme énorme du public a été à la mesure de la générosité et de l’authenticité des deux artistes.

Quatuor DebussyDélocalisé au Valbonnais, le septième concert a permis d’entendre, le 14 août, une formation bien connue des festivaliers, le Quatuor Debussy, en « résidence » à Corps depuis l’été 2010. Sur les trois œuvres inscrites au programme, deux d’entre elles rendaient hommage à la musique française de la fin du XIXe siècle et du début du XXe : le Molto Adagio sempre cantante doloroso de Guillaume Lekeu de couleurs sombres et plutôt douces qui ouvrait le concert et, après l’entracte, une œuvre de jeunesse de Ravel, le célèbre quatuor en fa majeur (1903), qui le terminait dans des couleurs claires et lumineuses, interprété avec une rare justesse d’expression et une exquise sensibilité. Avant l’entracte, la troisième œuvre au programme faisait partie d’une intégrale des quatuors de Chostakovitch que cette formation a récemment réalisée, le quatuor à cordes n° 8 de Chostakovitch (1960). Sans doute fallait-il la parfaite maîtrise technique des musiciens du Quatuor Debussy autant que l’extraordinaire complicité qui les unit pour traduire avec autant d’aisance l’univers complexe du compositeur russe.

Quatuor DebussyPour le huitième concert enfin, le Quatuor Debussy revenait à Corps, le 16 août, pour donner le dernier concert de sa résidence de trois ans, concert sublime qui ne pouvait mieux terminer cette 23e édition des Nuits Musicales de Corps. Composé de trois œuvres, le programme rendait hommage une nouvelle fois à la musique française, notamment dans sa première partie dédiée à Guillaume Lekeu et à Claude Debussy. Du premier, le Quatuor Debussy a interprété Méditation, une œuvre au lyrisme tout intérieure, et l’unique quatuor du compositeur Claude Debussy (1892), dont la matière sonore infiniment riche et colorée a été servi magnifiquement par la technique éblouissante des quatre musiciens, capables de produire les effets sonores les plus subtils et d’atteindre à une puissance prodigieuse, quasi orchestrale. Après l’entracte, l’une des œuvres les plus célèbres de Schubert, le quatuor de « La Jeune fille et la mort » (1826) terminait le programme. Pur chef-d’œuvre inspiré par le lied du même nom, l’œuvre a été interprétée avec une maturité, une profondeur, une perfection qu’il paraît impossible d’égaler et encore moins de dépasser. Conduite par un souffle unique du début à la fin, un rythme sans cesse haletant, l’œuvre a profondément ému le public très nombreux qui a exprimé son enthousiasme par de très chaleureux applaudissements.

Que les Nuits musicales de Corps puissent offrir un festival d’une telle qualité, avec des talents aussi exceptionnels, cela n’est pas le fait du hasard. L’accueil chaleureux réservé aux artistes, la beauté du lieu et le public de plus en plus mélomane expliquent en partie que ces musiciens parmi les plus renommés ont fait de Corps l’une de leurs étapes préférées durant l’été. Encore ne faut-il pas négliger de souligner le dévouement tout aussi exceptionnel d’une équipe de bénévoles et de leur présidente Ginette Barbe sans lesquelles le festival ne pourrait exister. Souhaitons que les 24es Nuits musicales de Corps apportent, en 2013, leur lot d’aussi belles et surprenantes émotions musicales.

2011 - FESTIVAL DES 22es NUITS MUSICALES DE CORPS

Le vendredi 22 juillet, en ouverture des sept concerts du 22e Festival des Nuits musicales de Corps, le Quatuor Debussy, en résidence à Corps pour la deuxième année, a offert un programme de musique sacrée d’une rare émotion : Les Sept dernières Paroles du Christ en croix de Joseph Haydn. Composées pour l’office du Vendredi Saint, cette œuvre, constituée de sept parties, se caractérise par une grande puissance d’évocation, parvenant à exprimer les mots mêmes du texte et à en dépeindre les images, au point que chaque morceau constitue une véritable peinture sonore. Avec sa technique éblouissante et sa maîtrise parfaite, le Quatuor Debussy a traduit au plus juste le contenu expressif de cette œuvre d’une intensité et d’une ferveur suprêmement émouvantes. L’interprétation a atteint ici une qualité inégalable. Le public nombreux, profondément touché, a manifesté son enthousiasme par de longs et chaleureux applaudissements. Avec la générosité qui les caractérise, les musiciens ont joué en bis le Quatuor n° 39 de Haydn dit « L’Oiseau », et l’Adagio de Guillaume Lekeu.

L’une des plus grandes harpistes de notre temps, Marielle Nordmann, digne disciple de la légendaire Lily Laskine, a captivé hier soir, 26 juillet, le public des mélomanes de Corps en faisant découvrir la harpe, en musique et en paroles, depuis l’Antiquité jusqu’à la première moitié du XXe siècle. De l’époque médiévale, Marielle Nordmann a d’abord interprété sur une petite harpe – dite harpe celtique –, avec une prodigieuse dextérité, une suite de pièces accompagnant les actes quotidiens de la vie : berceuses pour endormir les enfants, musiques pour les mariages, les funérailles, la guerre… Puis, par un vaste panorama d’œuvres, depuis la Passacaille de Haendel jusqu’à La Mandoline d’Elias Parish Alvars et Le Sylphe de Karl Oberthür, la grande artiste a interprété avec brio, sur une harpe appropriée, un choix d’œuvres très variées permettant d’apprécier les multiples facettes de son talent. D’une habileté sans égale, Marielle Nordmann joue de la harpe avec un naturel et une musicalité exceptionnels. Charmé par les interprétations de la grande artiste tout autant que par ses explications, le public venu nombreux pour ce deuxième concert du festival a manifesté son vif enthousiasme par des applaudissements très chaleureux.

Pour le troisième concert, le 2 août, une conférence a préparé le public à mieux entendre le programme musical. Dans une salle du musée archéologique de La Mure, Michèle Barbe, professeure à l’Université Paris-Sorbonne, a présenté, dans un premier temps, et de manière générale, les trois compositeurs tchèques au programme du concert (Smetana, Dvorak, Janacek) en mettant l’accent sur le contexte historique et artistique. Dans un second temps, la conférencière a précisé les étapes de la création du Quatuor n° 1 de Janacek « Sonate à Kreutzer », depuis la sonate pour piano et violon de Beethoven dédiée à Kreutzer (1802-1803), en passant par le roman éponyme de Tosltoï (La Sonate à Kreutzer inspiré par la sonate de Beethoven), pour parvenir au Quatuor de Janacek (1923) lui-même composé « sous l’impression du roman de Tolstoï ». Un public nombreux et très attentif a reconnu l’intérêt d’un tel avant-propos pour mieux apprécier le concert.

Trois heures plus tard, à 21 heures, dans l’église Notre-Dame de La Mure, le Quatuor Debussy offrait au public de la région son second concert, entièrement dédié à la musique tchèque. Le Quatuor n° 2 de Smetana débutait le programme dans un climat dramatique. Venait ensuite le Quatuor « Sonate à Kreutzer » de Janacek, d’une grande énergie vitaliste en dépit du drame psychologique qui le sous-tend. Quant à la dernière œuvre, le Quatuor américain de Dvorak, elle terminait le programme dans la poésie, la joie, et aussi la ferveur inspirée par les chants noirs américains. Le jeu des quatre musiciens, à la fois puissant et capable des plus subtiles nuances, leur sens rythmique, leur sonorité ample et chaleureuse sont autant de qualités qui ont permis de communiquer la richesse inouïe de cette musique qui a subjugué le public très nombreux de cette soirée.


OCNEDe retour à Corps pour le 4e concert des Nuits musicales, l’Orchestre de Chambre de la Nouvelle Europe a donné un programme particulièrement séduisant ce vendredi 5 août. La première partie, consacrée à la musique baroque, a permis d’apprécier le talent d’un jeune soliste, Johannes Grosso, dans le célèbre concerto de Marcello pour hautbois. De nouveau présent dans le magnifique concerto de Bach pour violon et hautbois, il dialoguait ici avec un violoniste virtuose d’origine vietnamienne, Vinh Pham, ce même musicien intervenant ensuite en soliste dans le célèbre Trille du diable de Tartini (1713). Dans la seconde partie, la musique romantique était à l’honneur. Deux autres solistes ont alors capté l’attention du public : le violoniste Georges Tudorache qui a interprété avec une technique éblouissante le Rondo Cappricioso de Saint-Saëns, alors que la Vocalise de Rachmaninov a mis en valeur le timbre chaud de l’alto d’Othar Melikishvili. Cette seconde partie comportait encore deux œuvres qui réunissaient ici les dix musiciens de l’orchestre : la Sinfonia n° 10 de Mendelssohn et trois Danses hongroises de Brahms qui terminèrent avec brio et éclat le concert. Particulièrement communicatif, le plaisir à jouer de ces jeunes et brillants musiciens venus de toute l’Europe a enchanté le public, qui, debout, les a applaudis longuement ainsi que leur chef très inspiré, Nicolas Krauze, sous la baguette duquel l’orchestre atteint une cohésion parfaite et un relief étonnant.

Au programme du concert du mardi 9 août, l’ensemble « A Venti » composé de cinq musiciens – un pianofortiste et quatre instrumentistes à vents : hautbois, clarinette, cor et basson anciens, sans clés ni pistons –, a interprété sur instruments d’époque, trois quintettes pour pianoforte et vents de la fin du XVIIIe siècle. Unique partition de Mozart pour cette formation, le Quintette K 252 en mi bémol majeur, d’une suprême grâce et élégance, a mis en valeur les timbres caractéristiques de chaque instrument dans un équilibre parfait de sonorités. D’un caractère déjà romantique, le Quintette de Friedrich Witt a permis d’apprécier une palette sonore plus éclatante et des traits de grande virtuosité au pianoforte. En seconde partie, le Quintette de Beethoven donnait lui aussi une grande importance au pianoforte tout en rendant clairement hommage à Mozart. Grâce aux instruments anciens, la palette sonore est à la fois plus douce et plus riche. Ravi par ces sonorités étranges et subtiles se mariant aussi harmonieusement, le public a manifesté son vif intérêt par de très chaleureux applaudissements.

Un concert exceptionnel s’est tenu en l’Église de Corps le samedi 13 août. Le grand pianiste Pascal Amoyel, interprétait un programme ne comportant pas moins de dix œuvres romantiques : sept de Liszt (dont on fête en cette année 2011 le bicentenaire de la naissance), toutes de grande envergure, et trois plus intimistes de Chopin. La première partie, d’un climat essentiellement tragique, ne comprenaient que trois partitions du compositeur hongrois encadrant les trois du Polonais. Extraites des Harmonies poétiques et religieuses, les deux pièces extrêmes, « Invocation » et « Funérailles », relevant toutes deux du grand piano orchestral de Liszt, encadraient « Il Penseroso » (extrait de la deuxième Année de pèlerinage), une méditation sur la mort. Quant aux trois Nocturnes de Chopin, dans ce même registre de désolation, ils s’interposaient entre les œuvres de Liszt précitées. La seconde partie, entièrement consacrée à Liszt, débutait par les deux célèbres Légendes de Saint François d’Assise prêchant aux oiseaux et Saint François de Paule marchant sur les flots, traduites dans toute la splendeur et la diversité de leur coloris par le jeu éblouissant du pianiste. Venaient ensuite deux Rhapsodies hongroises qui conclurent le concert dans un véritable feu d’artifice, emportant les auditeurs dans un tourbillon sonore d’une puissance tellurique étonnante et déclenchant les applaudissements enthousiastes. À l’évidence, Pascal Amoyel a conquis les cœurs du public des Nuits musicales de Corps, et ce fut avec une attitude toute de modestie et de recueillement digne des plus grands artistes.

Enfin, le mardi 16 août, un duo d’exception a clôturé le festival des Nuits musicales de Corps : le clarinettiste Paul Meyer et le pianiste Eric Le Sage interprétèrent quatre œuvres majeures du répertoire pour cette formation, avec une aisance et une perfection époustouflantes. Deux compositeurs romantiques se partageaient la première partie : Robert Schumann (dont Eric Le Sage a réalisé l’intégrale de la musique pour piano et de la musique de chambre) avec les Phantasiestücke où le dialogue des instruments est toujours expressif et finement nuancé, puis Weber avec le Grand Duo concertant d’un style souvent brillant, voire théâtral. En seconde partie, deux œuvres maîtresses étaient au programme : la sonate n° 1 en fa mineur de Johannes Brahms d’un caractère intimiste et la sonate de Poulenc écrite pour le clarinettiste américain Benny Goodman, célèbre musicien de jazz. Subjuguée par la technique éblouissante de Paul Meyer dans le finale (un Allegro con Fuoco), l’assistance a ovationné longuement les instrumentistes, les rappelant à plusieurs reprises.

Véritable apothéose du festival, ce septième et dernier concert de la saison doit son succès, une fois de plus, à la qualité exceptionnelle des artistes. L’entente parfaite de Paul Meyer et Eric Le Sage, leur investissement total, leur plaisir à jouer, ont ravi les auditeurs dont le bonheur fut à son comble. Et chacun de reconnaître la réussite complète de ces 22es Nuits musicales de Corps, y compris les musiciens, très sensibles à l’accueil qui leur est réservé de la part des organisateurs comme du public venu très nombreux à Corps. Aussi la saison prochaine est-elle déjà attendue par les mélomanes. Rendez-vous donc à l’été 2012 !

2010 - FESTIVAL DES 21es NUITS MUSICALES DE CORPS

Pour ouvrir le 21e Festival des Nuits musicales de Corps, le dimanche 18 juillet, le Quatuor Debussy avait composé un programme dédié à deux grands maîtres viennois : Mozart et Schubert. En première partie, deux œuvres de jeunesse étaient interprétées : le Divertimento de Mozart en fa majeur, œuvre typiquement galante qui n’en est pas moins pleine de vie et de contrastes, et le Quatuor n° 10 de Schubert, tout empreint de bonheur et de sérénité que les interprètes ont joué avec finesse et subtilité. En seconde partie, le Quatuor nous a immergés dans la profondeur du Requiem. La partition ainsi recréée est une brillante réussite. L’interprétation a atteint ici des sommets. Grâce aux cordes somptueuses et à la cohésion du Quatuor Debussy, la partition de Mozart, à travers cette transcription, a conservé toute sa force et sa grâce, sa puissance et son émotion, son pathétique et son lyrisme. Le public nombreux semblait retenir son souffle pour mieux savourer ces instants magiques. On ne peut que se réjouir d’une ouverture aussi exceptionnelle au Festival des Nuits musicales de Corps.

Pour le deuxième concert des Nuits Musicales de Corps, le 27 juillet, Claire-Marie Le Guay pianiste et François Salque violoncelliste avaient choisi un programme essentiellement romantique. En première partie, ces deux artistes talentueux ont donné une interprétation pleine de vivacité et de relief des Cinq pièces dans le ton populaire de Schumann et fait preuve d’une sensibilité et une virtuosité toutes personnelles dans la sonate n° 3 de Beethoven. En deuxième partie, dans la sonate n° 1 pour violoncelle et piano de Debussy, les interprètes ont su créer un univers poétique particulier, nous révélant les subtilités mystérieuses qui caractérisent cette œuvre de génie, notamment grâce au jeu raffiné et élégant de Claire-Marie Le Guay et à une qualité de son rare chez François Salque. Enfin, la sonate n° 1 de Brahms a mis une fois encore en évidence les qualités des deux grands artistes : respiration noble, sens de l'espace, juste équilibre entre la fermeté et la fluidité, virtuosité exceptionnelle. Le public fut comblé. Corps peut s’enorgueillir d’avoir accueilli deux des plus grands interprètes de notre époque.

C’est à une soirée exceptionnelle que furent conviés, le mardi 3 août, les festivaliers de Corps. Le jeune guitariste virtuose, Emmanuel Rossfelder, offrait à un public très nombreux et enthousiaste un programme d’une grande variété mettant en valeur toutes les possibilités de la guitare. Dès l’Introduction, thème et variations sur la Flûte enchantée de Mozart de Fernando Sor, en début de concert, l’assistance fut subjuguée par la sonorité fois ronde et puissante et par une dextérité surprenante. Particulièrement à l’aise dans le répertoire espagnol de Francisco Tàrrega, Enrique Granados et Isaac Albeniz, Emmanuel Rossfelder a déployé une palette de timbres aussi large que subtile, jointe à une maîtrise technique sidérante, qualités que l’on put également admirer dans l’interprétation puissante et inspirée du Paraguayen Augustin Barrios Mangoré et du Brésilien Villa-Lobos. Musicien hors pair, Emmanuel Rossfelder transcrit lui-même la plupart des musiques espagnoles et sud américaines qu’il interprète, mais aussi la musique baroque ou encore les airs d’opéras. Ainsi, la Sarabande de Haendel, le choral de Bach Jésus que ma joie demeure, l’Ave Maria de Schubert, ou encore une Fantaisie sur des thèmes de la Traviata de Verdi ont permis d’apprécier les multiples facettes du talent de cet artiste exceptionnel chez qui la maîtrise technique est inséparable de l’émotion et qui se caractérise, avant tout, par une irrésistible générosité musicale.

Le vendredi 6 août, un très séduisant concert de musique romantique pour piano à quatre mains était donné par deux artistes grenoblois, Jacqueline Barbe et Hugues de Nolly. Magnifiquement composé, le programme comprenait deux chefs-d’œuvre de Schubert en première partie, les Huit Variations sur un thème original en la b majeur et la Fantaisie en fa mineur, et en seconde partie, les huit Danses slaves op. 46 du compositeur tchèque Dvorak. La complicité des deux artistes était totale, se jouant avec aisance et élégance des difficultés techniques nombreuses de partitions d’une extraordinaire densité. Ajoutés à cela, une richesse d’expression inouïe, un jeu à la fois puissant et d’une grande subtilité, un sens rythmique exceptionnel – que ce soit chez Schubert où l’esprit de la danse est partout présent ou dans les Danses slaves avec leur contretemps et changements constants de tempi. Autant de qualités qui ont conquis le public nombreux de cette belle soirée où la musicalité et la sensibilité prédominaient.

C’est une salle comble et enthousiaste qui a accueilli le mardi 10 août l’Orchestre de chambre de la Nouvelle Europe à Corps dans le cadre du festival des Nuits musicales. Judicieusement équilibré, le programme a permis d’entendre trois œuvres de compositeurs majeurs du XVIIIe siècle (Vivaldi, Bach et Mozart) et trois œuvres de compositeurs espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle (Espejo, de Falla, de Sarasate). D’un talent exceptionnel, les huit musiciens, tous solistes (quatre violons, deux altos, un violoncelle et une contrebasse), ont interprété, sous la direction de leur chef, Nicolas Krauze, des œuvres mettant tour à tour en valeur les violons et les altos (concerto pour deux violons de Vivaldi, concerto pour deux violons de J.-S. Bach, concerto pour quatre violons de Vivaldi). En seconde partie, c’est à l’alto que fut confié l’admirable Andantino de César Espejo et au violoniste virtuose Vinh Pham la partie soliste de deux œuvres brillantes de compositeurs espagnols : la Danse espagnole de Manuel de Falla et Carmen Fantaisie de Pablo de Sarasate (l’un des violonistes les plus célèbres de son temps) sur des thèmes de l’opéra de Bizet. Seul, le Divertimento KV 136 de Mozart réunissait les huit musiciens jouant à part égale. Subjugué par la sonorité des cordes, la technique éblouissante des musiciens et de son principal soliste, Vinh Pham, ainsi que par la direction efficace de Nicolas Krauze avec ses gestes si expressifs, le public mélomane a fait une ovation à ces jeunes artistes.

Pour le sixième concert des Nuits Musicales de Corps, le 17 août, c’est la voix qui fut mise à l’honneur. La chanteuse Isabelle Druet, accompagnée au piano par Anne Le Bozec, (prix du meilleur pianiste accompagnateur), avait conçu un programme très varié intitulé « Portraits de Femmes ». De la fin de Renaissance italienne (Monteverdi) au début du XXe siècle (Fauré, Debussy, Ravel, de Falla), en passant par l’époque baroque (Merula, Haendel), le XVIIIe siècle (Mozart) et le XIXe siècle (Offenbach, Bizet, Malher), la femme n’a cessé d’inspirer les compositeurs. Il fallait tout le talent de comédienne d’Isabelle Druet pour faire vivre dans un seul récital ces innombrables figures de femmes, tant dans la musique sacrée que profane, le lied ou l’opéra. Sa voix chaude, ample capable des nuances les plus subtiles, son jeu de mimiques et ses attitudes expressives ont séduit un public très chaleureux, conquis par une performance d’une exceptionnelle qualité.

Enfin, c’est dans le cadre de l’Eglise de la Salle en Beaumont, le 20 août 2010, que s’est clôturé, avec le Quatuor Debussy, la 21e saison des Nuits Musicales de Corps. Pour leur second concert, un public très nombreux et chaleureux était au rendez-vous. Placé sous le signe de l’Opéra, le programme était particulièrement attrayant et festif. Deux géants du Bel Canto se partageaient la première partie : Puccini et Verdi. Du premier a été interprété un quatuor qui sera repris dans son opéra Manon Lescaut : un Lamento dédié à la mémoire du Duc d’Aoste, longue phrase musicale, à la fois simple et pleine d’émotion, d’une beauté toute intérieure. De Verdi, le Quatuor Debussy a repris la transcription de Luisa Miller réalisée par Emmanuel Muzio qui avait lui-même dirigé l’opéra à sa création en 1849. Présenté par le violoncelliste Alain Brunier, les six airs de cet opéra transcrits pour quatuor en résume toute l’histoire et cela avec un art exceptionnel de la description, qu’il s’agisse des sentiments ou des divers aspect de la nature. La seconde partie du concert entièrement dédiée à Carmen de Bizet a été un véritable feu d’artifice. Six airs du célèbre opéra transcrits pour quatuor en furent donnés. Le public fut conquis par cette version de l’opéra toute aussi colorée et vivante qu’à l’orchestre grâce au talent exceptionnel des quatre interprètes, et déjà se réjouit de pouvoir entendre ces mêmes musiciens lors de la prochaine saison 2011 des Nuits Musicales de Corps.

2009 - FESTIVAL DES 20es NUITS MUSICALES DE CORPS

C’est avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois que les 20es Nuits musicales de Corps ont été inaugurées en cette année 2009. En première partie, ils avaient choisi des œuvres sacrées de Mozart, Schubert, Fauré ou encore Victoria. La seconde partie, était un voyage autour du monde grâce à des chants traditionnels et folkloriques, des gospels ou encore des chansons populaires comme celles d’Edith Piaf, Charles Trenet et Rodolphe Pierrepont, auteur de Musique Universelle, l’hymne du centenaire des Petits Chanteurs. La pureté des voix cristallines de ces jeunes garçons a constitué un moment de grande émotion. Le succès a été total, l’enthousiasme du public à son comble.

Pour le deuxième concert, le jeune et talentueux pianiste François-Xavier Poizat, âgé de 19 ans seulement, a captivé le public par une interprétation musicale pleine de sensibilité et d’intelligence. Dans les Impromptus de Schubert, le jeu du pianiste est apparu d’un grand naturel, comme s’il parlait le langage même du compositeur. Dans Miroirs de Ravel, François-Xavier Poizat a su créer tout un univers poétique à partir de chaque pièce interprétée grâce à une technique maîtrisée, une maturité exceptionnelle et une intelligence musicale rare qui font de lui un espoir du piano classique. La Vallée d’Obermann, l’une des plus belles œuvres de Liszt, fait partie d’un cycle de pièces appartenant aux Années de Pèlerinage dont le seul nom fait frémir bon nombre de pianistes par la richesse stylistique, émotionnelle et virtuose qu’elle représente. François-Xavier Poizat a exprimé avec aisance toute la poésie que contenait cette page musicale et exploité toute la palette des sonorités du piano. Point d’effets visuels grandioses, François-Xavier s’assoit, pose ses mains et joue tout simplement. Et la musique, dans toute sa délicatesse et sa complexité, dans toute sa richesse et sa poésie, jaillit.

Mardi soir 28 juillet 2009, le Quatuor Debussy proposait pour les 20es Nuits Musicales de Corps un programme de musique russe. En première partie, il interprétait l’Elégie de Glazounov, marche funèbre, véritable chef d’œuvre où l’alto joue un rôle important, puis le 2e Quatuor en ré majeur de Borodine dans lequel la simplicité, la musicalité, la vélocité et la complicité des musiciens ont conquis l’assistance. La seconde partie était consacrée au 5e Quatuor de Chostakovitch. La sonorité chaleureuse et extrêmement homogène du Quatuor Debussy a transporté le public dans le monde truculent du compositeur. Sous leurs archets, les thèmes sonnaient avec force et énergie ou au contraire enveloppaient d’une douce chaleur. Tour à tour sauvages ou pathétiques, les ambiances sonores se succédaient sans transition. Sans jamais être démonstratif à l’excès, le quatuor Debussy a su traduire l’esthétique exubérante de Chostakovitch avec une précision et une simplicité remarquables. Et pour saluer les 20e Nuits Musicales, pour fêter cet anniversaire, le Quatuor Debussy a improvisé sur la mélodie du Joyeux anniversaire un savoureux bis plein d’humour qui a fini de séduire le public de Corps.

Constitué de trois musiciens grenoblois, Jacqueline Barbe, Corinne Pothier-Denis et Franck Reynaud, le Trio Euryanthe interprétait le 4 août un magnifique programme comprenant des œuvres de Haydn, Schumann et Mendelssohn. Dans le Trio de Haydn, le violon et le violoncelle ont exprimé tout le lyrisme de l’Adagio, alors que dans le Vivace, la partie du piano, pleine de fraîcheur, dominait nettement. Des Fantasiestücke de Schumann, on a admiré plus particulièrement l’interprétation très intérieure de la Romance par Jacqueline Barbe qui a fait chanter le piano avec beaucoup de sensibilité dans une belle complicité avec les cordes, puis de l’Humoresque dans laquelle les instrumentistes se répondaient avec humour et une imagination qui ont accroché très vite le public. Enfin, le premier Trio de Mendelssohn joué avec beaucoup d’expression concluait un programme très séduisant et qui fut très applaudi.

C’est devant un public très nombreux que l’Orchestre de la Nouvelle Europe a clôturé, le mardi 11 août, les 20es Nuits musicales de Corps. En première partie, les Quatre saisons de Vivaldi ont été magnifiquement exécutées par un orchestre plein d’enthousiasme, dynamique et dont la virtuosité, la sonorité chaleureuse ont emporté le public. En seconde partie, après le célèbre Adagio de Barber interprété de manière très personnelle, l’orchestre de la Nouvelle Europe avait choisi Souvenir de Florence, un sextuor à cordes de Tchaïkovski, partition très virtuose où chaque instrument est soliste tour à tour ce qui produit des effets sonores uniques dans l’histoire de la musique de chambre. L'atmosphère prenante et troublante de cette œuvre est comme une alliance très réussie entre les brumes et les neiges de la Russie natale de Tchaïkovski et la douce lumière de la ville toscane, la coda concluant avec une puissance quasi orchestrale. Nicolas Krauze, par la précision de ses gestes, a montré combien il savait exploiter toutes les qualités de chacun des membres de cet orchestre, leur talent et leur technique ainsi que leur sonorité. Aussi, le public, debout pour saluer les musiciens exceptionnels de cet orchestre, a-t-il manifesté son enthousiasme par de très longs et chaleureux applaudissements.